Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 277]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIERE A VAPEUR,

toutes parts. Ces déplorables résultats de l'explosion sont détaillés dans le rapport de M. le commissaire de police, qui a pu en juger mieux que personne, étant arrivé des premiers sur les lieux. L'expansion de la vapeur a dû produire la destruction totale du hangar qui recouvrait le fourneau et le renversement du mur de clôture; elle

paraît avoir contribué pour une faible part aux ravages qui bouleversent l'atelier. Ils sont dus principalement au passage de la chaudière et des matériaux de toute espèce qu'elle a fait voler devant elle. Les meules brisées pesaient chacune de t000 à 1200 kilogrammes et avaient 20 à 25 centimètres d'épaisseur; leurs fragments sont dispersés et l'un des plus gros F, pesant au moins 25o kilogrammes,

après avoir traversé horizontalement l'atelier, a fait à son extrémité un trou dans le mur et a parcouru ainsi plus de 18 mètres. L'un des morceaux du volant G, à peu près aussi lourd, a passé au tra. vers de la toiture et a été retrouvé dans le jardin

à plus de 65 mètres. Beaucoup d'autres effets, inutiles à rappeler, témoignent de la violence irrésistible du choc et de sa puissance destructrice. Il n'existait pas de mur de défense entre le four-

neau et l'atelier, la largeur du massif de la machine et du trou du chauffeur avaient paru suffire à l'isolement; en effet, malgré l'agrandissement progressif des chaudières employées chez le sieur Gibert, cet espace a encore 4 mètres, et l'ordonnance du 22 mai 1843 n'exige, avec un fourneau

enterré, que 5 mètres de séparation du côté des maisons habitées, même appartenant à des tiers. Il n'est pas douteux, d'ailleurs, à voir avec quelle facilité la chaudière a emporté le volant en fonte

553 et trois meules en grès lourdes et épaisses, qu'elle RUE SAINT.DENIS, A LA VILLETTE.

n'eût rasé de même le mur de défense dont les matériaux seraient devenus des projectiles de plus.

Ce n'est donc pas là ce qu'il faut reprocher aux

dispositions adoptées par le sieur Gibert, c'est plutôt.d'avoir tourné la chaudière parallèlement à la longueur des ateliers, que l'explosion a pris ainsi en enfilade. Cette situation essentiellement vicieuse, puisque l'expérience prouve que l'effort des explosions se porte presque toujours dans le sens de l'axe, est blâmée, il est vrai, par l'instruc-

tion ministérielle du 23 juillet i843; mais elle

n'est pas interdite par l'ordonnance du 22 mai, et rien n'aurait autorisé à la prescrire. L'examen des fragments de la chaudière permet, je crois, d'établir d'une manière très-probable le mode de rupture et les circonstances de l'explosion. La culasse hémisphérique antérieure D (la plus éloignée du foyer) est détachée sur tout son contour circulaire (fig. 9), les clous et une bande de tôle y

restent adhérents. La déchirure a suivi, dans la

feuille voisine, la ligne des trous dans la direction de leur diamètre parallèle au bord. Cette culasse a été lancée, en parabole, à peu près à 3o mètres de distance, dans le sens de l'axe de la chaudière a franchi un mur et est tombée dans la rue SaintDenis.

Le corps dela chaudière B (fig.io) , composé de trois viroles, dont l'une porte le trou d'homme et de la culasse hémisphérique postérieure (la plus rap-

prochée du foyer) a été lancé en sens opposé. Cette partie a été soulevée en même temps que projetée, puisqu'elle a parcouru un espace au-