Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 272]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

542

EXPLOSION DE LA CHAUDIÈRE

Le rapport du commissaire de police constate:

i° Que l'explosion a causé la mort de trois

personnes, qui faisaient partie de l'équipage du bateau , savoir

jules Cajun, mécanicien. Pierre Manchon, chauffeur. id. Castagnet , et occasionné des blessures à cinq personnes, dont une seule, le sieur Bathier, , faisait partie de

l'équipage; que les quatre passagers n'ont été que légèrement brûlés, et que trois d'entre eux ont pu quitter Corbeil le même jour. 20 Que l'accident a eu lieu au moment où les voyageurs pour Corbeil étant descendus, et' ceux de Corbeil montés à bord, le commandement de en route venait d'être prononcé. 30 Que le mécanicien jules Cella n'était point demeuré à son poste, pendant la durée du stationnement au ponton de Corbeil , et qu'il a été frappé au pied même de l'escalier par lequel il venait de

descendre, pour rentrer dans la chambre de la machine. Le rapport du mécanicien Ernest Saulnier con-

state que le siége de l'explosion a été dans le grand conduit à fumée de gauche A, dont les parois

ont été écrasées par la pression de la vapeur ; l'écrou de l'un des tirants qui reliaient la paroi du carneau à l'enveloppe cylindrique extérieure

de la chaudière , a été détaché du tirant, dont le taraudage a été rompu, tandis que l'écrou d'un autre tirant a traversé la tôle de la paroi su-

périeure du même carneau, en la déchirant. L'eau chaude est-sortie par ces déchirures ; la force

expansive de la vapeur a détaché les portes du foyer, et fait sauter le remplissage en inacon nerie

Du BATEAU A VAPEUR LE

CONCURRENT N° 5. 543 de briques, qui garnissait les intervalles des petits tuyaux formant la voûte du foyer. Les hommes de l'équipage, qui se trouvaient dans la de la machine, ont été brûlés par l'eau chambre chaude. Tous les appareils de sûreté ont d'ailleurs trouvés en bon état, sauf un flotteur à siffletété dont la tige était entourée de filasse , qui semblait avoir été placée là pour arrêter une fuite de et qui vraisemblablement paralysait le jeuvapeur, de cet appareil. Il a été impossible au sieur Saulnier de savoir si, pendant le temps du stationnement à Corbeil on a fit jouer la pompe alimentaire à bras, , qui se trouvait à bord. Il n'a pas pu reconnaître non plus si le robinet du tuyau d'alimentation de la pompe, conduite

par la machine, était tourné, au moment de l'accident, de manière à conduire dans la chaudière ou à rejeter dans la rivière, l'eau foulée par la pompe alimentaire, dont toutes les éptiaètc.es et notamment les clapets étaient en bon Le bateau ayant été ramené à Paris deux jours après l'accident, je m'empressai de me rencIre à bord, pour visiter la chaudière. J'examinai avec beaucoup de soin, par le trou d'homme fis ouvrir, la rangée supérieure des tubes que je de circulation de la fumée. Je n'y vis aucune déformation , aucune incrustation : je n'aperçus rien qui indiquât que ces tubes eussent été suréchauffés. En examinant le carneau de gauche, écrasé par la pression de la vapeur, je reconnus que les deux parois supérieure et inférieure s'étaient chées, dans la partie voisine de l'arête rapprocommune de jonction, jusqu'à venir se toucher sur une longueur de plusieurs décimètres.

La tôle était