Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 124]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

de vive voix, M. Voltz. C'est un sujet de regrets que la perte de tous les éléments d'un tel travail. La publication qu'il se proposait d'en faire eût été sans doute pour lui un nouveau titre à l'estime et à l'amitié de ses camarades. La carte géologique du département du Bas-Rhin, à la confection de laquelle il avait Consacré tant de veilles et qu'il était sur le point de terminer, n'a pu de même être retrouvée. M. Voltz fut nommé membre de la Légion d'honneur, le 3 mai 1831, et ingénieur enchef des mines de première classe, le 1" novembre 1833. Satisfait de sa position, il partageait son temps entre les travaux administratifs et l'étude des sciences naturelles qui sont, du domaine de l'art des mines. Ses heures de loisir s'écoulaient auprès de quelques amis de sa jeunesse. Il vivait avec ses vieux parents, et rien n'était plus touchant que le culte d'amour filial que cet excellent homme leur avait voué. La mort de sa mère, arrivée en 1828, l'accabla de chagrin et porta une nouvelle atteinte à sa faible santé. Resté seul avec son père, il l'entretenait, pour consoler ses derniers jours, de son désir de conserver la résidence de Strasbourg ; mais, en 1832, sa vie fut douloureusement troublée : il avait embrassé, avec énergie, les, principes de la révolution de 1830, et l'expression de ses pensées, sur les mesures qui lui paraissaient devoir être prises par le nouveau gouvernement sous lequel les journées de juillet avaient placé la France, le rendit l'objet d'injustes dénonciations. Elles eurent pour conséquences de lui faire assigner, le i s janvier 1832, la résidence de Clermont en Auvergne. Le grand âge -de son père, l'existence de ce vieillard, à laquelle >son fils pou-

SUR M. VOLTZ.

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vait seul subvenir, la presque impossibilité de supporter, à quatre-vingt-huit ans,les fatigues d'un

long voyage, déterminèrent notre camarade à se résigner sans hésitation à tous les sacrifices plutôt

que de l'abandonner. Le ministre des travaux publics entendit ses justifications et il considéra, peu de temps après l'avoir prononcé, son changement de résidence comme non avenu. M. Voltz dut, en grande partie, sa réintégration dans l es huitième et neuvième arrondissements

minéralogiques, à de pressantes sollicitations de personnes des départements de l'Est haut placées dans les sciences et l'industrie. Il ne peut qu'être honorable à sa mémoire de citer les paroles que M. Champy , au nom des exploitants des mines et des maîtres de forges du département des Vosges, a adressées, en sa faveur, à M. Bérard, alors di-

recteur général des ponts et chaussées et des mines.

« Propriétaire des forges et mines de Framont et de Rothau , je désire le maintien, dans sa résidence actuelle, de M. Voltz. La majeure partie des travaux considérables de recherches entrepris dans mes mines l'ont été sur son indication et,

pour ainsi dire , sous sa direction continuelle. Cette considération, jointe aux sentiments d'estime personnelle que nous professons tous pour M. Voltz, m'a déterminé, monsieur le directeur général, à vous transmettre le voeu de nos cOnfrères

du département; nous nous plaisons à croire que VOUS y aurez égard, et que vous contribuerez à

nous conserver, comme ingénieur en chef des mines, M. Voltz que nous estimons et chérissons à juste titre. Il peut seul rendre à son administra-

tion, comme à l'industrie manufacturière dont