Lettre sur une séance de l’Académie concernant l’île de Ténériffe. Discussion des mérites de MM Buch et Berthollet ; brouillon [Image 3]

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3/ sur le pic de Ténériffe pourrait souvent hésiter à reconnaître qu'il est réellement dans une île. Cette distance de 18 lieues est à-peu-près égale à celle à laquelle doivent se projeter sur la mer les montagnes du N.-E. de Ténériffe ; de sorte que si la carte de M. Berthelot était exacte, un spectateur placé sur le pic pourrait croire que l'île est aussi étendue dans la direction du E.-Sud-E. que dans la direction de la longue pointe qu'elle projette vers le N.-E. Enfin, comme cette distance de 18 lieues surpasse de beaucoup la distance du pied de la verticale du pic à la côte de l'île de la grande Canarie, distance qui, d'après la carte de l'Amirauté anglaise, est de 42', ou 14 lieues ; et comme, sur la carte de M. Berthelot, le cirque s'éloigne encore du pic dans la direction de l'E.-S.-E., qui est celle de la grande Canarie, d'une quantité qui doit approcher beaucoup de compenser la faible diminution de hauteur qu'il paraît éprouver dans cette direction, on voit que cette partie du cirque devrait se projeter à-peu-près sur la côte de la grande Canarie ; de sorte qu'un spectateur placé sur le pic pourrait croire que les deux îles n'en font qu'une seule. Or, toutes ces circonstances seraient diamétralement contraires au tableau que nous font de l'imposant panorama du pic les voyageurs qui l'ont le mieux décrit (1). M. de Humboldt, dans la relation de l'ascension qu'il a faite sur le pic, le 22 juin 1799, dit (relation historique, t. 1, p. 298, in-8°) : "Non seulement on découvre de la cime du pic un immense horizon de mer qui s'élève au-dessus des plus hautes montagnes des îles adjacentes, mais on voit aussi les forêts de Ténériffe et la partie habitée des côtes... On dirait que le volcan écrase de sa masse la petite île qui lui sert de base. Il s'élance du sein des eaux à une hauteur trois fois plus grande que celle à laquelle se trouvent suspendus les nuages en été... Nous découvrîmes à nos pieds Palma, la Gomère et la grande Canarie." M. Cordier, dans la relation de l'ascension qu'il a faite sur le pic de Ténériffe, le 17 avril avril 1803, dit (Journ. de physique, l. LVII, p. 58, -1803) : "Vue trace vaporeuse marquait à l'horizon la séparation de l'air d'avec la mer et formait un cercle immense et parfait. Sur la surface unie de cette plaine vraiment sans bornes se détachaient les îles de Fer, de Canarie, de

(1) Le P. Feuillèe, Lamanon, la Billardière, n'ont laissé aucuns détails sur l'horizon du pic.