Annales des Mines (1843, série 4, volume 4) [Image 219]

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RÉPONSE

cornues décrites par MM. Laurens et Thomas dans leurs brevets.

J'ai produit des gaz en lançant de l'air seul ou mélangé avec de la vapeur d'eau sur du charbon

en colonne épaisse, et j'ai obtenu un mélange d'oxyde de carbone, d'hydrogène et d'azote. Or les principes théoriques relatifs à la production de ces gaz sont dans le domaine de la science., On sait depuis longtemps que toute combustion du char-

bon en excès par l'air donne de l'oxyde de carbone (1). On sait aussi que la vapeur d'eau est dé-

composée par le charbon incandescent. Le seul fait théorique que j'aie déduit de ces premières expériences est l'absorption de chaleur produite par la décomposition de la vapeur au contact du charbon, résultat qui a confirmé les conclusions que j'avais tirées des expériences de Dulong. Ces premiers essais, faits en collaboration de feu de M. Jeanmaire, directeur, et M.Page, ingénieur de la compagnie d'Audincourt , nous avaient conduits à ce résultat important, qu'on pouvait obtenir, avec des combustibles en menu et mélangés de matières terreuses, comme le fraisil des halles, des gaz en assez grande abondance et assez (1) Traité de chimie, par M. Dumas ,

L.

1, p. 511

(1828). « L'oxyde de carbone se forme quelquefois dans la » combustiou du charbon, lorsque le courant d'air est trop » faible relativement au volume du charbon incandescent. » C'est lui qui occasionne souvent une flamme bleue qui

» apparaît au dôme des fourneaux à réverbère. Ce phé-

» nomène se conçoit aisément, puisque l'acide carbonique » est ramené à l'état d'oxyde de carbone par le charbon à

» la température rouge. » Dans l'ouvrage de Berzélius ,

t. 1, p. 222, édition belge, on lit à peu près la même

AUX OBSERVATIONS, ETC. ,4

439 riches en principes combustibles pour maintenir un four à réverbère à la chaleur blanche (mémoire cité, page 467.) Dans tous les brevets de MM. Laurens et Tho-

mas, antérieurs au 22 'décembre 184i , il n'est

question que de cornues chauffées extérieurement et destinées principalement à la distillation de la houille. On y fait également passer les gaz des hauts-fourneaux, l'acide carbonique provenant de la décomposition des calcaires par la chaleur ou

par des acides (i) ou un petit courant d'air forcé. Tous ces principes théoriques sont dans le domaine public ; mais on ne trouve dans ces brevets aucune description d'appareil producteur de gaz qui ait de l'analogie avec le générateur employé au mois d'octobre à Audincourt: Je n'hésite pas à affirmer que tous ces procédés n'ont pas fait avancer d'un seul pas la solution pratique de la question qui nous occupe, celle de la transformation des combustibles solides en combustibles gazeux. Je désire très-vivement que MM. Laurens et Thomas rendent public le contenu de leurs brevets, afin que tous les métallurgistes puissent juger de la valeur de mon assertion, en toute connaissance de cause. Il est bien clair que la réussite des procédés em-

ployés pour obtenir de hautes températures par

la combustion des gaz des hauts-fourneaux a seule -fait naître l'idée de transformer lés combustibles solides en gaz. Il est donc tout naturel qu'on se

soit occupé simultanément de la question en France et en Allemagne. J'ai résumé dans mon der-

nier mémoire ( tome III, page 207, 4e série),

phrase.

(1) Brevet du 13 novembre 1841.

Tome IF, 1843.

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