Annales des Mines (1843, série 4, volume 3) [Image 463]

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sun LES MINES.

ORDONNANCES

dans les cinq subdivisions du territoire houiller de ce

pays, se sont concertés pour organiser des caisses de secours et de pensions ; ils ont dressé des statuts que le gouvernement a approuvés, et une association s'est ainsi établie entre les divers concessionnaires et les ouvriers. La Belgique se trouvait à cet égard dans des conditions plus favorables. En France les exploitations sont en général plus disséminées. Sauf quelques exceptions, les ouvriers mineurs ne présentent pas, comme chez nos voisins une population agglomérée sur certains points, vouée exclusivement de père en fils aux travaux des mines.,

ayant des habitudes de fraternité d'où résulte un lien moral puissant. Le peu d'importance de beaucoup d'en-

treprises, la distance qui les sépare, opposent des obstacles réels. Toutefois, il est juste de dire que pluSieurs de nos mines offrent des exemples de caisses de secours qui ont été établies avec succès. Il faut espérer qu'avec le temps une louable sollicitude de la part des propriétaires de mines , une sage prévoyance de la part des ouvriers, propageront ces institutions si utiles. L'administration ne négligera rien pour concourir à ce résultat. Un des grands établissements du royaume (les mines de

fer de Rancié) se trouve dans des circonstances où ces

améliorations peuvent être dès ce moment réalisées. Les mines de Rancié sont placées sous un 'régime exceptionnel résultant d'antiques coutumes qui ont été légalement consacrées. La vallée de Vicdessos, où elles sont situées, faisait jadis

partie du comté de Foix, qui forma, pendant plusienrs siècles, un Etat indépendant. Les huit communes de cette vallée obtinrent , par diverses chartes, le privilége d'extraire et de vendre le minerai à leur profit, et ce privilége fut confirmé quand le comté de Foix passa avec la Navarre au royaume de France.

Anciennement elles l'exerçaient sous l'administration de leurs consuls. Plus tard différents règlements furent faits pour en déterminer l'usage.

Enfin, le 31 mai 1833 une ordonnance royale a déclaré ces communes concessionnaires, et un règlement

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ànnexé à cette ordonnance a fixé tout ce qui se rapporte à l'exploitation, en maintenant d'ailleurs les anciennes coutumes. Les mineurs sont exclusivement choisis parmi les habi-

tants de la vallée. Chacun d'eux extrait chaque jour la quantité de minerai qui est fixée par des jurats et le mineur se paye lui-même par la vente qu'il en fait aux acheteurs qui viennent le chercher sur le carreau de la mine. En même temps l'administration a été investie de la direction immédiate de cette exploitation, qui occupe quatre cents ouvriers, et alimente les nombreuses forges du midi de la France. Exerçant la surveillance qui était attribuée aux anciens consuls, lorsqu'ils gouvernaient la corporation, c'est elle qui détermine, d'après les besoins de l'industrie, les quantités de minerai à extraire, en arrête le prix, fixe le nom-

bre des ouvriers sur les listes qui lui sont présentées ordonne les grands travaux d'art, prend les mesures nécessaires pour l'aménagement des gîtes et l'intérêt des ouvriers.

Il est pourvu aux diverses dépenses au moyen d'un

prélèvement de cinq centimes par charge de minerai, qui a

été établi par décret du 24 germinal an II, et qui forme le fonds spécial des mines de Rancié. Ce fond Sert aussi à donner quelques secours aux mineurs blessés. Mais sa destination principale est de pourvoir aux frais de l'exploitation. Lorsque les infirmités , la vieillesse ou des maladies arrivent, le mineur n'a plus de soutien, et ceux que la mort a atteints laissent leurs veuves, leurs enfants dans la misère. Les ingénieurs des mines et le préfet du département ont proposé d'organiser une caisse de secours qui viendrait en

aide à .ces ouvriers et à leurs familles. Ce sera un utile complément des dispositions consacrées par le règlement de 1833. Le projet qu'ils ont présenté et qui a été examiné en con-

seil général des mines me paraît offrir tous les avantages désirables.

Il consisterait à régulariser un usage qui existe déjà de temps immémorial aux mines de Rancié. Ii est passé dans les habitudes que lorsqu'un accident a lieu, plusieurs mineurs extraient , en sus de leur travail journa-