Annales des Mines (1843, série 4, volume 3) [Image 25]

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SUR L'EXPLOITATION DES SABLES

bérie que pendant l'été, tandis qu'au pied de

l'Oural l'activité des établissements de lavage ne s'arrête pas même en hiver, les ateliers étant construits de manière à pouvoir être chauffés. Quant aux ouvriers qu'on y emploie, ils appartiennent presque exclusivement à la classe des déportés ; et , en 1842, on n'en comptait pas moins de i r,000 seulement dans la Sibérie orientale. Ces gens y travaillent aux conditions débattues de gré à gré avec les entrepreneurs. Le contrat ayant été conclu sous les yeux des magistrats de la commune dans laquelle ils ont leur domicile, c'est-

à-dire du chef et des anciens , élus par les habitants du canton, et des arrhes ayant été données, ils se rendent .aux lieux désignés sous la conduite d'un ancien choisi parmi les ouvriers mêmes, et, à l'approche de la mauvaise saison, ils retournent dans le même ordre. Chaque ou-

vrier est muni d'un livret, sur lequel on marque le nombre des journées de travail fournies par lui, ainsi que la valeur des objets qui lui sont délivrés

avant la liquidation définitive des comptes ; le reste des salaires accordés par l'entrepreneur, déposé clans une caisse commune, est transporté au village sous la garde de l'ancien. Ce reliquat est

d'ordinaire assez considérable, l'activité croissante qui règne dans les établissements d'exploitation

ayant fait monter le prix du travail à un taux

comparativement très-élevé, sans compter que le propriétaire est tenu de fournir aux ouvriers, pendant tout le temps qu'ils passent dans les montagnes; d'abondantes provisions. La consommation de viande est même devenue tellement considérable dans les établissements de lavage , qu'on se voit dans la nécessité d'y amener des bestiaux de fort loin ; de manière que cette partie des approvi-

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49 sionnements présente souvent d'assez grandes difficultés. C'est de même l'entrepreneur qui fournit tous les outils et instruments à ses frais, et les objets dont les ouvriers peuvent avoir beioin à un taux fixé par les autorités compétentes. Le vendredi appartient aux ouvriers; ce jour-là ils travaillent pour leur propre compte, mais sans avoir cependant la faculté de disposer à leur gré de l'or qu'ils trouvent. Ils sont tenus au contraire de le vendre au propriétaire à un prix fixé au-dessous de la valeur réelle , et cet usage a été universellement introduit dans le but de neutraliser en quelque sorte les effets de la fraude. On -espère que les ouvriers profiteront de cette occasion pour se faire payer à un taux modique, non-seulement l'or produit ce jour-là, mais encore les petits grains qu'ils sont peut-être parvenus pendant le reste de la semaine à soustraire à la vigilance des chefs d'ateliers, et qu'ainsi aucune partie du métal ne sera du moins égarée. Dispositions sages , qui ne sauAURIFÈRES EN SIBÉRIE.

raient cependant rassurer entièrement sur les

fraudes qui peuvent avoir lieu parmi les ouvriers, surtout dans l'Oural, où les Boukhares se chargent volontiers de vendre l'or dérobé par eux. Il est aisé de concevoir que la réunion d'un si

grand nombre d'ouvriers , appartenant à une classe qui mérite naturellement peu de confiance, a rendu nécessaires quelques mesures de précaution. C'est ainsi que les anciens, choisis parmi les ouvriers mêmes, sont autorisés, dans certains cas,

à dicter, concurremment avec les hommes les plus considérés de la compagnie, de légères peines correctionnelles. Le débit des boissons fortes est entièrement défendu dans les districts des mines, et jusqu'à une distance considérable 4 Torne III, 1843.