Annales des Mines (1842, série 4, volume 1) [Image 303]

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PIERRES FULMINANTES

une petite quantité de gangue dont la pâte paraît de même nature que les pierres elles-mêmes. En général leur forme est irrégulièrement arrondie, quelquefois légèrement mamelonnée , aplatie ou oblongue. Leur taille varie depuis la grosseur du poing jusqu'à celle d'une chevrotine. Extérieurement leur couleur est blanchâtre ou rougeâtre; mais intérieurement elles présentent toutes une teinte de brique. Il suffit de /es casser pour reconnaître qu'elles sont formées de couches concentriques placées autour d'un noyau central. Ce noyau diffère essentiellement du reste de la pierre.

Le plus souvent c'est un fragment irrégulier, et toujours assez petit, de carbonate de chaux qui paraît provenir des roches voisines. J'ai trouvé néanmoins un de ces noyaux qui était formé par du sulfate de chaux, roche qui se rencontre aussi à des distances peu éloignées. Un autre consistait en un fragment de matière analogue à celle du reste de la pierre, mais se distinguait facilement par la direction et l'interruption brusque des couches dont il était formé. La croûte extérieure des pierres se laisse rayer par l'ongle ; l'intérieur est un peu plus dur, mais pourtant jamais -assez pour ne pas être entamé par les calcaires voisins. A l'intérieur comme à l'extérieur ces pierres happent à la langue, et il se

développe eu même temps une odeur terreuse, qu'on produit aussi en les exposant à une simple

expiration. Une goutte d'acide nitrique fait naître une vive effervescence sur tous les points où on la dépose.

Des pierres aussi tendres et aussi friables ne sauraient prendre un poli suffisant pour qu'on pût

juger de leur structure; mais on remédie à cet

DE DOURGNES.

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inconvénient en les couvrant d'une couche de vernis après leur avoir donné un léger douci avec la pierre ponce (1). On reconnaît alors que les couches concentriques dont nous avons parlé n'offrent

une certaine régularité que dans le voisinage du noyau central; au delà elles deviennent irrégulières et empiètent assez souvent les unes sur les autres. En examinant un fragment préparé comme nous venons de le dire, avec la loupe, ou mieux avec un microscope donnant un grossissement de 3o à 35 diamètres on observe qu'elles semblent elles - mêmes formées de couches secondaires ondoyantes, et dont la direction est généralement inclinée relativement à l'axe de la couche principale. On reconnaît également que la coloration est loin d'être uniforme, les couches variant sous ce rapport d'un beau rouge brun à un blanc sale. La matière colorante est généralement plus abondante dans l'intervalle des couches, et y

est souvent déposée par plaques et par points distincts. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, ces pierres

ont la propriété, lorsqu'on les expose à une température élevée, de détoner, en projetant à une distance quelquefois assez grande les charbons

qui les entourent. Cette explosion a souvent lieu avant que la pierre soit arrivée au rouge sombre, mais elle est d'autant plus forte qu'elle

(1) Nous ne savons si ce procédé, emprunté à l'anatomie pratique, a encore été proposé pour faciliter l'examen des roches non susceptibles de se polir. Nous cro ons pouvoir assurer qu'il rendra visible la structure soit de ces roches, soit même des matières terreuses , aussi Lien que si elles pouvaient recevoir le poli de l'agate.

Tome I, 1842.

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