Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 84]

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EXPLOSION DE LA CHAUDIÈRE

Ou à les atténuer par des armatures convenablement disposées. On conçoit maintenant trèsbien qu'il se soit fait une première déchirure, soit à la jonction d'un des fonds plats avec le cylindre extérieur ou intérieur , soit dans un des fonds. Dès lors rien n'a empêché le cylindre intérieur de s'affaisser sur lui-même en se plissant

dans le sens de sa longueur, comme cela est réellement arrivé. Le fond antérieur, séparé d'abord sur un point du cylindre-enveloppe, a été bientôt complétement arraché et projeté par la pression intérieure. Il a emporté avec lui une petite partie

du cylindre intérieur; le bouilleur n'a point

éprouvé la moindre altération ; le cylindre extérieurlui-même n'a pas eu de déformation notable. Si le tuyau de conduite de la vapeur a été rompu et les soupapes de sûreté enlevées, on peut tout aussi bien croire que ces ruptures proviennent des

chocs que ces parties saillantes ont éprouvés

contre des objets extérieurs lors du recul de cette chaudière, que des pressions développées au moment de l'explosion. Enfin , on peut remarquer que le fond du cylindre intérieur ne s'est pas non plus déformé dans le voisinage de la ligne à la-

quelle venaient aboutir les trois tubulures qui réunissaient les parois du bouilleur à celles du cylindre intérieur. Ces tubulures ont fait ici l'of-

fice d'armatures et ont prévenu l'écrasement. J'estime, en conséquence, qu'il n'est pas besoin, pour expliquer l'explosion du bateau le Citis , de supposer qu'une portion quelconque des parois intérieures de la chaudière ou du bouilleur ait rougi, parce qu'elle aurait été extérieu-

rement en contact avec la flamme ou les gaz échauffés, et intérieurement hors de l'eau, ainsi

DU EATEÀU A VAPEUR LE crTis.

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que l'ont supposé, d'une part, MM. les membres de la commission de surveillance de Chatons, et

d'autre part, MM. Schneider et Bourdon. D'abord, le témoignage de ces derniers suffirait pour qu'on fût assuré que l'eau n'a pas manqué dans la

chaudière principale, quand bien même toutes les circonstances qui ont précédé l'explosion, et notamment l'attention des personnes expérimentées qui se trouvaient à bord, ne viendraient pas

prêter à ce témoignage une force de nature à

porter une conviction entière dans tous les esprits. D'un antre côté, s'il s'est fait un vide d'eau vers

le dôme du bouilleur , comme le supposent MM. Schneider et Bourdon, il est impossible d'admettre que ce vide ait été fort étendu, bien qu'on doive reconnaître l'insuffisance et la mauvaise position de la tubulure unique destinée à porter à la partie supérieure de la chaudière la vapeur formée dans le bouilleur. Mais, malgré ce vice de construction, on ne pourrait concevoir un

vide d'eau quelque peu étendu dans l'intérieur du bouilleur, qu'autant que l'axe de celui-ci aurait été fortement incliné de l'avant vers l'arrière du bateau , tandis qu'il résulte des dessins transmis (Pl. fi,j1g. 3, 4 et 5) et des explications données dans le rapport de la commission de Châlons, que cet axe était sensiblement horizontal. Un feu vif n'était allumé que depuis 2 5 mi-

nutes au plus, le bateau était immobile, la production de vapeur devait être régulière, et rien ne paraît justifier l'idée de ces retours d'eau alternatifs sur l'espace délaissé par la vapeur, émise par MM. Schneider et Bourdon. Enfin, si un développement considérable, et pour ainsi dire instantané , de vapeur dans l'intérieur du bouilleur