Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 83]

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EXPLOSION DE LA CHAUDIÈRE

le foyer, était écrasé et était venu s'appliquer sur le dôme et les flancs latéraux du bouilleur par des plis rentrants. Le corps entier de la chaudière, du poids de 45oo kilog., avait été lancé en arrière, avait brisé une des jambes du niât, enfoncé la base

de la cheminée, rompu l'arrière du bateau qu'il avait traversé, et avait été projeté dans la rivière à 35 mètres environ de distance de son emplacement primitif, suivant la commission de surveillance, et à 15 mètres de distance de l'arrière du bateau, suivant MM. Schneider et Bourdon (ces évaluations doivent être très-rapprochées). Le corps du bouilleur n'était aucunement endommagé ; le grand cylindre de la chaudière n'était pas non plus déformé; seulement les soupapes de sûreté avaient été enlevées et n'ont pu être retrouvées. Le bout du tuyau de conduite de la vapeur avait été détaché de la chaudière par la rupture, à ce qu'il

paraît, de ses collets en fonte, et lancé à 15 mètres de distance vers la proue; la plaque de fermeture du trou d'homme était tombée dans l'intérieur de la chaudière. Les rondelles fusibles étaient demeurées attachées à la chaudière, et ont été retrouvées intactes. Discussion. Il résulte du rapport de la commission de surveillance de Châlons , que la chaudière du bateau le Citis n'avait point été soumise à l'épreuve de la pression hydraulique, triple de la pression effective formellement prescrite par l'article 3 de l'ordonnance royale du 29 octobre 1823, et par l'article i" de l'ordonnance royale du 7 mai 1828.

Les épaisseurs de la tôle du grand cylindre-enveloppe et du bouilleur intérieur étaient suffisantes

DU BATEAU A VAPEUR LE CITIS.

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pour une pression intérieure de quatre atmosphères , et en dessus des limites fixées par la table

annexée à l'instruction ministérielle du 12 juillet 828. L'épaisseur du cylindre intérieur contenant le foyer était, au contraire, un peu en dessous de celle que devrait avoir un cylindre de même dia-

mètre (i mètre), qui contiendrait de la vapeur dans son intérieur et serait pressé de dedans en dehors normalement à sa paroi concave. L'épaisseur prescrite est de et l'épaisseur du cylindre intérieur était seulement de 7 à 8 millimètres. Or, il est évident que ce cylindre était dans des conditions bien autrement défavo-

rables que s'il eût contenu la vapeur dans son intérieur; il était en effet pressé de dehors en dedans, par une force qui tendait à l'écraser sur lui-même.

La pression intérieure de la vapeur a dû d'abord faire fléchir, dans le sens longitudinal , tontes les arêtes du cylindre intérieur contenant le foyer,

de façon que ce cylindre prît un diamètre plus petit vers le milieu de sa longueur. Les deux fonds plats ont dû par cela même se déverser l'un

vers l'autre, en tournant autour du cercle de jonction avec le cylindre-enveloppe. Ils ont pris, au lieu de la forme plane, la forme de surfaces de troncs de cône , à sommets tournés vers l'intérieur de la chaudière, de telle sorte que les arêtes fissent un angle aigu avec cellesde la surface cylindrique-

enveloppe, obtus avec celles de la surface cylindrique intérieure. Ces effets ont dû se produire même sous une pression effective fort peu élevée de la vapeur ; ils étaient une conséquence forcée

de la forme de la chaudière, et on ne voit pas que le constructeur eût cherché à les prévenir