Annales des Mines (1841, série 3, volume 19) [Image 139]

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THÉORIES DE LA CÉMENTATION

sorte qu'on ne peut douter que l'action chimique du carbone ne se transmette avec le temps à une distance considérable, au travers de ces solides. C'est essentiellement dans ces circonstances que consiste l'anomalie qui distingue le carbone : elles ont depuis longtemps attiré l'attention des chimistes et des physiciens qui n'ont pu les expliquer dans l'état actuel de la science, et ont caractérisé ce genre de réduction par le mot spécial de cémentation. 2. Indication Dans l'excellent ouvrage que l'Europe a justede cette "mnalie par divers au- ment accueilli comme le traité classique teurs,

de la métallurgie du fer (1), M. Karsten signale à plusieurs reprises, et notamment dans les deux passages suivants , les lacunes que cette mystérieuse

action du carbone laisse subsister dans les théories métallurgiques. « La réduction des oxydes de fer par le carbone commence déjà à une faible chaleur rouge. Le peroxyde se change d'abord en un oxyde inférieur qui est semblable, soit au fer magnétique, soit aux battitures, et qui se réduit entièrement sans passer à l'état de protoxyde. La désoxydation se prolonge de la surface vers le centre : elle peut s'achever bien avant que le fragment n'ait changé de forme. Ainsi, l' effet du carbone s'étend d'une manière inconcevable à travers toute la masse de l' oxyde ; le métal réduit devient lui-même l'agent qui achève l'opération, comme il arrive

dans la réduction d'un sel métallique par la

(1)Manuel de la métallurgie du fer, 2. édition, Berlin, 1827. Traduction française, par F.-J. Culmann. Metz, 1830.

ET DES FOURNEAUX A TUYÈRES,

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voie humide. Dans l'un des cas, c'est l'eau , dans

l'autre, c'est le calorique qui établit la liaison entre le réactif' et la substance soumise au traiternent ( ).... » Plus loin, en discutant le principe du traitement métallurgique des minerais de fer dans les four-

neaux à courant d'air forcé, M. Karsten signale en ces termes l'opposition remarquable qui existe

entre le point de vue théorique adopté sur le

mode d'action du carbone, et la manière d'opérer employée par tous les praticiens. « On ne pourrait le plus souvent opérer la fusion

du- minerai de fer) si le minerai n'était pas stratifie avec le combustible. On a voulu quelquefois mélanger les deux substances pour mul-

tiplier leurs points de contact et favoriser par conséquent , la réduction, mais c'est un (2). » moyen d'arrêter le travail, etc M. Berthier, qui a consacré un paragraphe spécial de son Traité des essais par la voie sèche (3) à la réduction des corps oxydés, sous l'influence du charbon , insiste particulièrement, sur cette lacune dans nos connaissances théoriques. Après avoir décrit avec détail les phénomènes singuliers que présente un corps oxydé qu'on renferme

dans un creuset brasqué chauffé extérieurement par un foyer de chaleur, l'auteur termine ce paragraphe par les réflexions suivantes :

« La combinaison par voie de cémentation est

un phénomène général d'un grand intérêt, et Manuel de la métallurgie du fer, etc., t. 1, p., 238.

Idem..... tome 1, page 358.

Traité des essais par la voie sèche. 2 volumes in-8'. 1834.

Paris'Tome XIX, 1841.