Annales des Mines (1839, série 3, volume 15) [Image 156]

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AÉRAGE

assez long, sans perte d'air sensible. Il est donc possible d'en avoir en réserve, qui soient prêts à fonctionner. Chaque récipient rempli d'air, comprimé à 3o atmosphères, contiendra un mètre cube, sous la pression atmosphérique ordinaire, .ce qui sera suffisant pour fournir aux besoins de la respiration , et à l'entretien de la combustion

de la lampe, pendant une heure (5 1), pourvu que le régulateur fonctionne, de manière à ne pas laisser sortir plus d'air, que n'en exigent la respiration et la combustion. On adapterait d'ailleurs sur la boîte du régulateur, un tube respiratoire, et un tube conduisant de l'air dans la lanterne, semblables à ceux qui sont décrits, dans l'instruction pratique de 1824. Les petites dimensions et le poids médiocre du réservoir, permettraient à l'ouvrier de le porter sur le dos, en lui laissant le libre usage de ses mains, et de pénétrer -dans des galeries de fort petites dimensions. Il serait d'ailleurs , sans

aucune crainte pour lui-même, à cause de la solidité du réservoir, et de la masse d'air qu'il renferme (i).

(1) Des réservoirs portatifs d'air comprimé sont fabri-

qués à Paris, dans les ateliers de M. Ch. Beslay, rue NeUve-Popincourt, n' 17 ; ils seront le sujet d'expériences ordonnées par M. le directeur général des ponts et chaussées et des mines , dont il sera rendu compte dans une prochaine livraison des Annales. Lorsque l'air est irrespirable, parce qu'il est mêlé d'une assez grande quantité de gaz acide carbonique ( ce qui est le cas le plus ordinaire dans les mines , à la suite d'explosions ou autrement ), on peut, dans un cas pressant, lorsqu'on n'a aucun appareil particulier à sa disposition , et qu'il s'agit de secourir des ouvriers asphyxiés, essayer d'ar-

307 river jusqu'à eux, en jetant dans les galeries un lait de DES MINES.

chaux vive, qui absorbera l'acide carbonique. Il est convenable d'avoir dans ces occasions des linges, ou mieux encore des morceaux de tissus lâches en laine, fortement imprégnés d'eau pure, et de faire passer l'air qu'on respire à travers ces tissus, en les appliquant sur la bouche et le nez.

Il est inutile de dire que l'on doit agir, dans ces cas-là,

avec la plus grande prudence, et en prenant toutes les précautions possibles, afin de ne pas occasionner de nouveaux malheurs. J. Roberts, l'auteur de la lampe décrite 5 48, rapporte que s'étant trouvé une fois près d'être suffoqué par le gaz acide carbonique, il se préserva , en couvrant sa figure avec sa veste mouillée d'eau. Cela lui donna l'idée de construire un appareil respiratoire, qui a été employé par lui et par plusieurs autres personnes. Il consiste en une boîte, dont la capacité est d'environ trois quarts, contenant une éponge fortement imbibée d'eau de chaux, ou d'une autre

solution alcaline. Le dessus de cette boîte est percé de trous , auxquels sont adaptés des tubes, par lesquels entre

l'air ambiant, qui est ainsi forcé de passer à travers l'éponge, Un tube respiratoire, semblable à ceux décrits dans

l'instruction de 1824, avec deux valves, pour que l'air expiré soit rejeté au dehors, est adapté à la partie supérieure de la boîte, et conduit Pair à la bouche de l'ouvrier,

qui porte l'appareil suspendu en bandoulière. Sa figure peut être, si l'on veut ,couverte d'un masque complet, tenant au tube, pour prévenir l'accès de l'air irrespirable, qui n'aurait pas été épuré en passant à travers l'éponge. (Report on accidents in Mines , p. 261. ) Cet appareil étant très-simple , me paraît de nature à être employé utilement dans beaucoup de cas. Il serait à désirer qu'on en fit construire quelques-uns, sur des mines où se dégage beaucoup d'acide carbonique, et qu'on s'assurât d'avance si un ouvrier peut respirer longtemps, sans fatigue, à travers l'éponge imbibée de Roberts.