Annales des Mines (1838, série 3, volume 13) [Image 247]

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NOTE SUR LES ACIÉRIES 492 mêne, ont employé le même pro.cédé depuis quel-

ques mois. Enfin MM. Blanchet frères, à Eure, ont monté des ateliers d'un autre genre , sur une pour arriver au même but. Es grande sont en activité échelle'depuis quelques jours, et j'ai suivi leurs premières expériences avec tout l'intérêt que je porte à de semblables usines. Il est nécessaire aujourd'hui que je rende compte de cette nouvelle révolution qui nous assure à ja-

mais le commerce d'une fabrication dont nous

jouissons depuis le treizième siècle. J'y suis

d'autant plus obligé , que les ennemis des progrès nemanqueront pas de dire que les nouveaux. aciers ne valent rien, ou qu'ils sont inférieurs aux anciens.

Par l'ancien procédé, on affinait la fonte au

charbon de bois, et on étirait les massets avec le même combustible : il fallait 3oo de charbon pour ioo d'acier. Par la nouvelle méthode, on affine au charbon de bois en dépensant 1.5o de combustible pour oo d'acier. On étire les massets à la houille dans

un fourneau particulier, très-ingénieux et tellement parfait que le combustible n'est pas en contact avec le masset. Il est physiquement et chimiquement impossible que la nature de l'acier puisse être altérée. Quiconque voudra voir cette manipulation , ne pourra pas en tirer d'autre conséquence. Aujourd'hui j'ai trop d'expérience dans les ma-

nufactures pour me reposer sur une argumentation de science ; il faut persuader les hommes de métier, et le seul langage qui convienne, c'est l'expérience. -

Le plus grand débouché de nos aciers est la

DU DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE.

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ville de Paris pour les ressorts de voitures. J'ai en conséquence fait faire des essais à Grenoble par les carrossiers les plus habiles de cette ville que je

connaissais depuis longtemps. Je leur ai laissé ignorer l'origine des barres d'acier, et ils les ont soumises à toutes les expériences imaginables. Je transcris ici l'extrait des procès-verbaux. M. Faure, carrossier, rue Neuve, a essayé les aciers corroyés de la forge de Trelins. Il a trouvé que celui qui avait été fabriqué par l'ancien procédé ne laissait rien à désirer et qu'il n'y avait aucun acier français qui dût lui être préféré. Il a porté le même jugement sur l'acier fabriqué par le nouveau procédé.

M. Bailly, rue Saint-Jacques, a été chargé des expériences des aciers non corroyés.

Celui qui provient de la fabrication ancienne a été regardé par lui comme l'équivalent de la meilleure fabrication rivoise. L'acier produit par le nouveau procédé a été jugé un peu supérieur.

M. Arnoux , rue Créqui, a essayé les mêmes aciers que M. Faure. Il a donné une légère préférence à l'acier obtenu par le nouveau procédé, mais en ajoutant qu'il n'y a presque pas de différence entre les deux produits. Son troisième essai a été fait sur l'acier brut, non corroyé, obtenu par le nouveau procédé. Il a trouvé cet acier semblable à ceux que produisent les forges de Rives, qui ne travaillent qu'au charbon de bois. Ainsi donc l'expérience vient de confirmer les prévisions scientifiques. Les succès obtenus intéressent aussi bien la France entière que nos contrées; ils assurent au département, à perpétuité le commerce le plus ancien que nous avions.