Annales des Mines (1837, série 3, volume 12) [Image 165]

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ÉTAT DE LA FABRICATION DU FER,

charge en combustible) put fondre une plus grande quantité de matières .que le coke; elle produisit une allure plus chaude qu'à f ordinaire (1). Il n'y eut pas d'explosion; la flamme du gueulard fut très-vive et sortait du fourneau avec

une extrême vitesse ; on augmenta la charge en ruinerai, pour prévenir une allure trop chaude; la fonte fut bonne pour le moulage en deuxième fusion ; on en obtint aussi de bon fer par l'affinage, niais l'opération fut longue. » Dans un autre essai , fait avec les mêmes matières et dans le même fourneau, on obtint, par

une bonne allure, de la fonte d'un grain fin et

mat, dont l'éclat était à peine métallique, qui toutefois était bonne pour le moulage ; mais par l'affinage qui en fut fait ( au feu d'affinerie ) au charbon de bois, la marche de l'opération fut très-crue, et le fer très-mauvais. Les barres présentaient dans leur cassure un grain fin, sans nerf.»

A Decazeville, la houille Crue a remplacé le coke, à peu près poids pour poids ; cependant il en fhut un peu plus de la première, et lorsque le fourneau se refroidit, par l'effet d'une cause quel(1) On conçoit que la houille remplaçant le coke, volume pour volume, ait pu produire une allure plus chaude que ce dernier ; celle employée à Knigsbütte est dense et compacte, et rend 70 pour 100 en coke, sans

changer sensiblement de volume, à la carbonisation : supposant même qu'en Se transformant en coke, dans l'intérieur du fourneau, elle n'en ait pas produit plus que dans sa carbonisation ordinaire exécutee à l'extérieur, il reste

encore à ajouter la chaleur qu'ont pu donner les gaz et vapeurs combustibles, en brûlant au moyen de l'excès d'air qui se trouve toujours clans les fourneaux àcoke, bien plus que dans les fourneaux à charbon de bois. D'ailleurs cette houille peut être assimilée au bois à demi-carbonisé.

ET AVENIR DES FORGES.

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conque, c'est en faisant plusieurs charges avec du coke seul, qu'on en rétablit l'allure. L'avantage métallurgique qui résultera de l'emploi de la houille crue comparé à celui du coke,

dépendra des quantités ( poids) qu'il en faudra charger pour fondre une même masse de matières, ou, en d'autres termes, du rapport existant entre leurs facultés de porter des minerais ; or ces facultés sont très-différentes pour diverses espèces de cokes (I), et il en doit être de même à

l'égard des houilles, dont la composition et les propriétés sont, comme on sait, très-variées dans les différentes couches des mines. C'est en raison des propriétés des divers cokes,

de leur cohérence, de leur densité, de leur facilité de combustion , de la quantité de cendres qu'ils contiennent, etc. , qu'ils peuvent fondre plus ou moins de minerais, et il n'y a que des essais effectués dans de grands fourneaux , qui puissent faire connaître ce qu'on doit en attendre à cet égard; la différence peut dépasser celle du siinple au double, comme on l'a vu par les résultats d'essais faits en Angleterre , pays où l'on ne fixe jamais les prix relatifs des cokes de diverses houilles, qu'après vérification faite de leurs effets dans les hauts-fourneaux ; si , lors de l'éta-

blissement des grandes usines à l'anglaise, que nous voyons maintenant en France, on eût ainsi procédé, au lieu de 's'en tenir à des essais de carbonisation, constatant ce que la houille pouvait donner de coke, on aurait évité bien des mécomptes et bien des pertes. On doit remarquer que c'est la nature du coke (1) Il est probable qu'elles ne sont pas proportionnelles aux pouvoirs calorifiques des combustibles employés dans les hauts-fourneaux.