Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 229]

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EMPLOI DE LA VAPEUR PERDUE

faire passer à travers une machine à vapeur sans condensation ; puis , à sa sortie, la faire arriver dans l'appareil de chauffage, appareil que je suppose donné d'avance, et qui peut être tel qu'on voudra l'imaginer, excepté qu'il doit fonctionner à la pression atmosphérique. Dans l'application particulière , dans laquelle M. Puget s'est renfermé , la vapeur est produite dans une chaudière de tôle susceptible de supporter une pression intérieure de plusieurs atmo-

sphères; elle entre dans un cylindre oscillant, dont la tige fait mouvoir un volant qui communique le mouvement aux tours par des courroies, et pat- des excentriques aux pompes à eau froide

et alimentaire. De cette manière les tours sont mus par la force perdue renfermée dans la vapeur. Comme à toutes les innovations, on a fait beaucoup d'objections à cette invention, digne d'être accueillie avec tant d'empressement ; la princi-

pale était qu'il y aurait destruction de chaleur dans la dilatation de la vapeur à travers la machine, et que l'économie de combustible n'aurait rien de réel. Cette objection est plus spécieuse que fondée ; car, dune part, il est admis pour constant qu'un

kilogramme d'eau exige la même quantité de chaleur et partant de combustible , pour être réduit en vapeur, quelle que soit la pression : ainsi

il est indifférent, sous ce rapport, de produire dans la chaudière la vapeur à telle ou telle pression, sauf la très-petite perte qu'il y a à chauffer

une chaudière à un degré plus élevé, à cause qu'elle dépouille moins bien la fumée de son

DANS LES FILATURES DE SOIE.

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excès de chaleur. De plus, où se ferait la perte

constante de chaleur annoncée par les critiques ? Ce ne peut être dans le cylindre, où la perte par rayonnement estpresque insignifiante, et pourrait, à la rigueur, être prévenue par une enveloppe non conductrice., Il peut être intéressant de savoir quelle somme de force motrice on ,peut retirer d'une consommation donnée de vapeur ou de combustible, sans nuire à l'effet principal, qui est supposé être ici le chauffage.

Si on appelle le poids ( en kilogrammes ) de vapeur consommé en une seconde ;

T, l'excès sur 1000 de la température de la vapeur dans la chaudière ;

a, l'aire du piston à vapeur en mètres carrés , sa vitesse ou l'espace qu'il parcourt en une seconde ;

p, la pression absolue de la vapeur, une atmosphère étant prise pour unité e, le poids ( en kilogrammes ) d'un mètre cube de vapeur dans la chaudière E , l'effet utile mécanique , le cheval-vapeur étant pris pour unité égale à 75 kilogrammes élevés à i mètre en une seconde.

La pression en kilogrammes sur le piston sera égale à son aire multipliée par le poids d'une atmosphère sur un mètre earré , répété autant de fois qu'il y a d'atmosphères effectives, c'est-à-dire une de moins que' dans la chaudière, soit to.000 a (p - i ) ; ( on suppose une atmosphère égale à tom d'eau en nombres ronds ). En multipliant cette pression par la vitesse v on aura le nombre