Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 228]

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EMPLOI DE LA VAPEUR. PERDUE

effet utile, on a songé naturellement à faire emploi de la chaleur renfermée dans l'eau sous l'une ou sous l'autre forme. - En général , on n'a jamais manqué d'en utiliser une partie pour élever de quelques degrés la température de l'eau alimentaire de la chaudière à vapeur. Mais cet emploi est très-limité, surtout dans les machines de la première espèce, où la température de l'eau de condensation n'excède pas 35 à 45" c. Quant aux autres usages, on voit qu'excepte pour des bains il est difficile d'utiliser l'eau de condensation à cause de sa basse température, et que cet emploi lui-même est fort limité par la nature des choses. Le courant de vapeur à ioo., qui s'échappe des machines à vapeur sans condensation, a toujours paru susceptible de nombreux emplois. Rien de plus naturel que de chercher à employer cette vapeur perdue, soit pour le chauffage des ateliers, séchoirs:, étuves, etc., qu'emploient tant d'industries, soit pour le chauffage des liquides par circulation ou par bouillonnement.

Cette idée si simple peut s'être présentée à beaucoup de personnes, mais on doit à M. Puget de l'avoir réalisée en grand, et d'avoir démontré par l'expérience la facilité de son application et l'économie qui en résultait. Placé au centre de la filature des cocons, dans

le département du Gard , où l'industrie de la soie est dominante, M. Puget a songé d'abord à appliquer sa conception aux filatures qui emploient la vapeur comme moyen de chauffer les bassines.

DANS LES FILATURES DE SOIE.

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Une filature, ainsi chauffée , peut être mue soit à bras d'hommes, soit par un manége , soit par un cours d'eau , soit par la vapeur. Le vent ne peut convenir à cause de son irrégularité et des chômages ruineux qui résulteraient du calme. La quantité de vapeur ou de combustible consommée pour le moteur, quand on emploie les machines à feu, est bien inférieure à celle qui est nécessaire pour chauffer les bassines. Ainsi, de grandes filatures à Alais emploient environ cheval-vapeur pour 35 ou 4o tours, et consomment pour cet objet environ 7 à 8 kil. de tandis que pour chauffer 35 houille par il faut -au moins ioo kil. de vaheure' ou 4o bassines peur dans le même temps, représentant une consommation de 25 à 3o kil. de houille, c'est-à-dire trois à quatre fois plus grande que celle qu'exige le moteur. Dans ce cas particulier d'application, M. Puget a été conduit à renverser le problème, et au lieu de chercher à tirer parti du superflu de la chaleur, le moteur étant donné , il s'est agi pour lui d'extraire pour un usage quelconque la force motrice renfermée implicitement dans une masse de va-

peur ou de combustible destinée par la nature des choses à produire dans une industrie quelconque un effet calorifique donné. Envisagée sous ce point de vue, la question se présente sous un point de vue beaucoup plus neuf, et tout entier ( à ma connaissance au moins ) de l'invention de M. Puget. La solution n'offrait aucune difficulté théorique.

Former dans la chaudière la vapeur d'eau à une ression supéri cure à celle de 'l'atmosphère; la