Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 185]

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RECHERCHES 364 bord de l'escarpement du Solfizio. De là, comme

je l'ai déjà dit précédemment, nos regards plongeaient dans ce vaste amphithéâtre, et en embrassaient tout le contour. Le premier mot de M. de Buch fut qu'il lui rappelait la vallée de Taoro qui est située dans l'île de Ténériffe, en dehors du grand cirque, dont le pic occupe le centre. M. de Buch a même consigné son opinion à cet égard dans les ligues suivantes de l'édition française de son ouvrage sur les îles Canaries Le Val-del-Bove rappelle d'une manière frappante l'enfoncement du Val de Taoro , au pied du pic de Ténériffe, et il est très-vraisemblable )) qu'il doit son origine à une circonstance ana» logue , c'està-dire à un affaissement du flanc du volcan; mais, quoique de grandeur considérable,, cet affaissement ne change que très-légèrement le contour général et la forme régulière du volcan (i). » L'application de cette idée d'enfoncement au , suggérée ainsi à l'improviste à M. de Buch par le premier aspect des localités, s'était déjà présentée à M. Buckl and et à M. Lyell, qui 'avant nous avaient visité le Val-del-Bove , et

qui peut-être avaient été les premiers à appeler sur ce magnifique amphithéâtre tout le degré d'at-

tention qu'il mérite. Cette opinion est aussi , je crois , celle de M. Carlo Gernellaro. M. Lyell a même rappelé à'-dette occasion que (1) Description physique des -îles Canaries , suivie d'une indication des principaux volcans du globe ; par M. Léopold de Buch ; traduit de l'allemand par M. Boulanger. Paris, F.-G. Levrault , 1836.

sun LE MONT ETNA.

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des effondrements de ce genre ne sont pas sans exemple dans l'histoire des volcans, et il a rappro-

ché celui auquel il attribue l'origine du Val-delBove dé l'écroulement du volcan de Papandayan dans l'île de Java, qui , en 1772 , s'abîma avec 4o villages bâtis sur ses flancs, et fut remplacé par

un lac de plusieurs milles de diamètre, et par conséquent d'une grandeur comparable à celle du Val-del-Bove. En 1638, le volcan du pic dans les Moluques, qui était visible d'une distance de

3o milles, s'était aussi éboulé, et avait été remplacé par un lac. On peut ajouter à ces deux exem-

ples celui du Carguairazo, qui rivalisait de hauteur avec le Chimborazo, dont if était voisin, et qui s'écroula le i9juillet 1698, et celui du CapacUrcu , situé également dans les andes de Quito,et qui, plus élevé encore que le Carguairazo , s'était éboulé de même peu de temps avant la conquête de l'Amérique par les Espagnols. On peut rappeler en outre que, d'après les remarques de Bouguer sur la petitesse de la déviation que le Chimborazo fait éprouver au fil-à-plomb , il y a lieu de présumer qu'il est creux, et qu'un jour il pourra aussi- s'affaisser, comme ont fait les deux cimes jadis rivales de la sienne.

On peut également citer diverses montagnes non volcaniques, dont des portions plus ou moins considérables se sont écroulées à la suite de trem-

blements de terre et ont été remplacées par des lacs, notamment à la Jamaïque dans le tremblement de terre de 1692. On a même vu, dans des tremblement de terre , des terrains plats, auparavant couverts de villages, s'enfoncer et faire place à des lacs. Un nouveau phénomène de ce genre est mentionné parmi les désastres arrivés