Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 184]

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SUR LE MONT ETNA. RECHERCHES

de. cheminée permanente. On peut de plus remarquer que la direction et la distribution de ces mêmes filons n'offrent aucune relation directe avec la forme conique à peu près régulière, que présenterait le noyau 'de la gibbosité centrale de l'Etna si tous les vides en étaient remplis, de sorte

qu'on ne voit pas pourquoi les matières épanchées par les ouvertures de ces filons se seraient accumulées de manière à produire un pareil cône. Nous sommes ainsi conduits à chercher ailleurs que dans les éruptions dont ces filons ont été les canaux , l'explication de la forme du noyau de la gibbosité centrale de l'Etna. Les parois qui circonscrivent le Val-del-Bove présentant presque de toutes parts des escarpements oida roche est coupée au vif, il est incontestable que ce vaste cirque doit son existence à l'enlèvement d'une masse énorme de matières qui en occupaient l'emplacement, du moins en grande partie. Le premier problème à résoudre consisterait à savoir comment cette matière a disparu. Sa disparition ne peut être attribuée à l'action érosive des agents atmosphériques actuels; car le Val-delBove ne présente aucun cours (l'eau; les eaux de la pluie et de la fonte des neiges s'échappent à travers les couches de cendres et de scories qui

entrent dans la composition de la montagne comme à travers un filtre naturel , sans entraîner au dehors la plus petite quantité de matière insoluble; et par conséquent , dans l'état actuel des choses, le Val-del-Bove ne continue pas à. s'approfondir , mais tend bien plutôt au contraire à se

combler et à s'effacer par l'éboulement de ses

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iflancs. Ainsi quelque reculée qu'on puisse suppo-

ser l'origine de l'Etna , ce n'est pas à l'action deg agents atmosphériques que l'échancrure du Valdel-Bove peut être attribuée : et d'ailleurs quel motif plausible pourrait-on assigner à l'étrange caprice par lequel ces agents n'auraient échancré

qu'une seule arête du cône, et précisément la moins inclinée de toutes?

Il serait moins aisé de réfuter la supposition que la matière qui manque dans le Val-del-Bove aurait été entrainée par quelque catastrophe diluvienne; cependant on conçoit difficilement com-

ment un courant diluvien aurait pu avoir assez

de prise sur le cône isolé de l'Etna poury produire une si large entaille; comment il n'en aurait produit qu'une seule; comment il lui aurait donné une forme presque circulaire, et comment il en aurait si peu ébréché les parois. La disposition cratériforme du Val-del-Bove pourrait donner l'idée de le considérer comme un ancien cratère; mais ses dimensions surpassent tellement celles des plus grands cratères volcaniques actuellement brûl ants,qu'u ne simple ressemblance de forme n'autorise réellement pas la supposition d'un cratère aussi démesuré.

On se trouve donc naturellement conduit à considérer l'évidement du Val-del-Bove comme une indication de quelque grande convulsion à laquelle aurait été soumise la masse de déjections anciennes qui constitue le noyau de la gibbosité centrale de l'Etna.

La première fois que j'ai aperçu le Val-delBove , c'était en accompagnant M. Cie Buch sur le

Tome X, 1836.

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