Annales des Mines (1835, série 3, volume 8) [Image 267]

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NOTICE

pays de Sarrebrück, ne permirent pas le développement de ses vues; mais, dès les premiers mois de sa gestion, avant la lin de 1813 , ilétait parvenu à faire fabriquer à Geislautern de l'acier fondu, supérieur en qualité aux aciers de Liége, et d'un prix moins élevé. Dans l'hiver de 1813 à 1814 , lorsque toute la contrée environnante était en proie aux ravages. du Typhus, les soins actifs et éclairés de M. Beau-

nier préservèrent Geislautern de la contagion. On venait, de tous les villages voisins , s'adresser à lui pour avoir les matériaux et les procédés des fumigations de Chlore , auxquelles il semblait impossible de ne pas attribuer une exception aussi frappante à la calamité générale. Réfugié et enfermé à Metz pendant l'invasion

de 8i4, M. Beaunier retourna à Geislautern lors de la paix, pour être obligé de fuir de nouveau en juin 1815. Cette fois, ce ne fut pas sans courir des dangers personnels, et il dut ensuite employer

autant d'adresse que de courage, pour sauver le matériel, les produits et les pièces de comptabilité de l'établissement qui lui était confié. Profondément affligé des maux de son pays, auquel il voyait d'ailleurs avec un chagrin particulier que les belles mines et usines des environs de Sa rrebrück allaient devenir étrangères, il était péniblement affecté aussi du renversement de sa position : « Me voici , » écrivait -il. à un ami, « chassé d'un » lieu auquel deux ans de douleur m'avaient fortement attaché, et je vois en un instant s'écrou-

ler tout l'échafaudage de petite gloire et de bien-être que j'avais élevé pour..ravenir , non Mais, grand Dieu, sans de grands labeurs

cEe,

», que mes peines personnelles sont peu de chose,

NÉCROLOGIQUE.

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auprès des sentimens que les maux de la patrie me font éprouver ! »

Elevé à la première classe de son grade le 1" janvier 1816, M. Beaunier fut chargé d'un arron-

dissement , comprenant les départemens de la Nièvre , du Cher, de l'Allier et de Saône-et-Loire. On lui confia, de plus, le service du département

de la Loire, conjointement avec M. de Gallois,

en réunissant à Saint-Etienne ces deux ingénieurs en chef, comme commission temporaire, pour le service des mines de ce département, et principalement pour l'application du régime légal des concessions à des exploitations aussi irrégulières que nombreuses. Le travail topographique, exécuté par M. Beaunier en i8i, établissait les bases sur lesquelles cette régularisation devait être appuyée ; mais l'opération administrative était encore hérissée de difficultés : d'un côté, l'ancienneté des usages locaux, qui subordonnaient entièrement dans ce pays l'exploitation des mines à la propriété du sol, et les habitudes invétérées , même les droits réels qui en résultaient; la multiplicité des intérêts et des prétentions qui, à l'annonce d'un changement, s'élevaient et se croisaient dans tous les sens ; enfin des préventions presque hostiles contre toute intervention de l'administration des mines ; de l'an-

tre côté, la rigueur des principes posés par les lois, et la nécessité, que la nature (les choses impose d'ailleurs, de régler l'exploitation des mines dans un but d'utilité générale, rendaient ces difficultés presque inextricables. L'aménité du caractère de M. Beaunier, les formes conciliantes de son esprit, la confiance qu'il sut inspirer aux exploitans .et aux propriétaires de sol, contribuè-