Annales des Mines (1833, série 3, volume 4) [Image 70]

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EMPLOI DE L'ANTHRACITE

les bases principales desquelles on ne pouvait pas s'écarter sans rencontrer des difficultés. Avec

moins de 3o p. 100 de chaux, les laitiers devenaient visqueux, empâtaient les poussières d'anthracite et formaient des dépots dans le creuset ainsi que dans l'ouvrage. En dépassant cette proportion, l'excès de chaux se portait sur les briques du fourneau et les fondait. Un excès de magnésie donnait aussi des laitiers très-réfractaires, on s'en apercevait dans l'emploi du minerai des Halles, qu'on ne pouvait passer qu'avec ménagement. Au lieu de mettre le fourneau à feu avec du

coke pur, il était intéressant de savoir si cette opération pouvait être faite avec de coke et = d'anthracite, proportions de charbon auxquelles les premiers essais avaient été arrêtés. La réussite de cette-opération importait dans l'intérêt de l'établissement , puisque le coke ayant 24 lieues de distance à parcourir coûtait extrêmement cher. On procéda donc comme il suit, pour la mise à feu, avec les précautions employées dans les fourneaux au coke et avec l'attention de proportionner le vent à la densité du nouveau combustible. Le fourneau fut rempli à moitié avec du charbon; pendant le chauffage on remplaça successivement celui qui se consumait par des charges composées de 3oo kilog. de charbon et un pareil poids de minerai, c'est-à-dire environ les deux tiers de la mine d'une pleine charge. On opéra ainsi pendant 23 jours après avoir

fait 22 grilles. A cette époque, la mine se fit sentir aux tuyères, on donna le vent par deux tuyères opposées avec des buses de om,o52

KU HAUT-FOURNEAU.

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(23 lignes) de diametre. La pression du manomètre à mercure, d'abord très-faible, fut portée bientôt à orn,o7 (20,7 lig.) ; au bout de 3 jours entièrement le fourles charges remplissaient neau.

Cette manière d'opérer ne produisit pas de résultats satisfaisans, il fut impossible de mettre le fourneau en bonne allure après six jours de tentatives variées.

Le vent ne traversait les charges qu'avec difficulté, il ressortait par les tuyères, et l'on avait beaucoup de peine à le maintenir vers la tympe; lorsqu'il se faisait jour à cette partie du fourneau, il projetait les laitiers avec force hors du creuset. Les charges descendaient lentement, le bas du fourneau était encombré d'anthracite en poussière,

qui empêchait le laitier, d'ailleurs peu abondant, de baigner et de chauffer convenablement toutes les parties du creuset.Les laitiers étaient en outre battus par le vent qui atteignait ainsi la fonte, et la rendait si épaisse, qu'elle se figeait contre la dame, d'où on l'enlevait par morceaux. Pour éviter ce dernier inconvénient, on ouvrit la tuyère vis-à-vis de la tympe, afin de réchauffer le devant du creuset,

et aussi pour tâcher de mieux faire monter le

vent.La pression fut élevée peu à peu jusqu'à o"»,14 (5 p. 2 lig.); mais tous ces efforts furent inutiles. On supprima la troisième tuyère, qui ne produisait

pas d'autre effet que de paralyser celui de l'une ou de l'autre des tuyères des costières; elles devenaient sombres, et le vent en sortait en entraînant souvent les laitiers et le charbon menu. Les laitiers, généralement bien dépouillés, devenaient de temps en temps noirs. La première