Annales des Mines (1830, série 2, volume 8) [Image 119]

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SUR L'É.VÉNEMENT

livrés les ont entend us frapper à coups de pic peh. dant les deux heures qui suivirent la catastrophe;

mais, au bout de ce temps, quoiqu'ils eussent répondu de même à ce signal et qu'ils se fussent approchés d'eux le plus possible, ils ne les ont plus entendus, et en ont tous conclu qu'ils étaient morts. Nous prévînmes aussitôt M. le procureur du Roi, qui envoya sur les lieux M. le juge de paix de Saint-Héant et M. le docteur Soviche. Nous descendîmes alors avec quelques ouvriers, afin d'amener au jour les cadavres. Comme ils étaient -

dans un état avancé de putréfaction , on fut obligé pour les transporter de les arroser d'a-

bord de chlorure de chaux et de les placer dans des cercueils préparés (l'avance. On les traîna ainsi à tâtons à travers la g/alerie , et on les fit

sortir par celle que nous avons percée. Cette

opération , la plus pénible de toutes celles auxquelles nous avons pris part, dura deux heures.

Lorsqu'ils furent parvenus au jour, les vers qui s'y trouvaient déjà, la teinte rouge de leur peau et les meurtrissures qu'ils présentaient , indiquèrent qu'ils étaient morts depuis long-temps, qu'ils avaient été asphyxiés, et qu'ils avaient en

outre été frappés par les débris tombés du toit de leur galerie, résultats qui s'accordent avec la disposition des lieux et les renseignemens fournis par les mineurs délivrés. M. le juge de paix fit la reconnaissance légale de ces cadavres : c'é-

taient ceux des nommés Clément Pichon, piqueur; Jean Brun, piqueur ; et Gabriel Grange, traîneur. Le vendredi 18, les hommes occupés à dé. Mayer ont trouvé, dans la première galerie de.

DU 1301S-MONZIL.

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niveau de la couche inférieure, le corps d'Antoine Chausson, celui qui a percé les eaux. Son cadavre, à l'abri du contact de l'air, s'était assez bien conservé ; Mais il avait été mutilé dans le trajet que les eaux lui avaient fait parcourir. Il ne restait plus à trouver que les corps du

commis Bonnin et de Jacques Servanton. Comme

nous l'avons dit , on ne peut douter qu'ils ne soient ensevelis sous les eaux et les débris qui remplissent le puits incliné, percé, dans le rejet, sur une profondeur de (45 mètres. Il eût été à désirer qu'on pût arriver jusqu'à eux ; mais nous nous sommes convaincus que le déblaiement de ce puits , fait dans un terrain très mouvant , à peine soutenu par 1111 boisage en mauvais état, compromettrait gravement la vie des ouvriers qui voudraient y travailler. Nous avons alors été d'avis de ne pas donner suite à ce travail, et nous .

avons adressé à M. le procureur du Roi le procèsverbal constatant l'impossibilité de parvenir aux corps d'Antoine Bonnin et Jacques Servanton. Ainsi se sont trouvés terminés les travaux aux-

quels nous avons (là nous livrer par suite de l'événement de la mine du Bois-Monzil. Nous

continuons cependant à exercer une surveillance

spéciale sur cette exploitation , afin de reconnaître les anciens travaux qui l'avoisinent et de

prévenir, au moyen des mesures de sûreté dictées par les circonstances locales , le retour d'acci(lens pareils à celui que nous déplorons.

En résumé, sur vingt-sept individus qui

se

trouvaient dans la mine au moment de l'inondation , huit ont péri , noyés ou asphyxiés , onze sont parvenus à s'échapper immédiatement, et les huit autres ont été délivrés après avoir passé