Annales des Mines (1830, série 2, volume 8) [Image 118]

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SUR :1VÉNEMENT

blayer dès qu'on put le faire sans entraver le service des pompes. Nous continuâmes à exercer sur ces travaux la même surveillance que sur ceux qui avaient délivré les huit mineurs. Cependant la difficulté (l'enlever les débris entassés dans le fond de ces galeries, et le courant d'eau qui continuait à venir des anciens travaux de la couche supérieure, furent cause que la communication commença à s'établir par là seidement le lundi 4. Nous avions fait placer une porte dans la galerie principale à l'endroit-d'où part celle qui mène aux travaux supérieurs par notre percement. L'air, obligé de passer par là, refoula le mauvais air, principalement composé d'acide carbonique , qui remplissait ces travaux , et nous pûmes ainsi, -dans la même journée, nous avancer dans presque toutes les galeries : cette visite ne nous fit découvrir personne, seulement nous trouvâmes près de la galerie de communication des deux couches un morceau du pantalon du piqueur Chausson qui a percé les eaux ; ce qui indiquait qu'elles avaient entraîné ce malheureux .dans la couche inférieure. En visitant ces galeries , nous reconnûmes que les eaux étaient parties du second fond.

de niveau. La taille avait 2 mètres de largeur

sur i ",8o de hauteur. Le piqueur Chausson avait fait vers le milieu de son chantier une entaille de om,io de hauteur sur Om,20 de profondeur, dont on voit encore les deux extrémités. Il restait par derrière un massif de 0m,22 d'épaisseur, que les eaux ont forcé en enlevant seulement le

charbon inférieur à l'entaille ainsi, l'eau est sortie par une section de i mètre de hauteur sur

DU BOIS-11101NZIL.

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rm,85 de largeur : elle a excavé le sol de la gale-

rie, renversé les buttes et fait ébouler une portion du' toit des galeries qu'elle a parcourues. Quant aux anciens travaux , les lampes ne pouvaient en approcher : aussi nous n'avons pu faire

que quelques pas dans leur intérieur; nous y

avons seulement reconnu une masse d'eau, qui continuait à se déverser sous forme de ruisseau dans le bas des travaux, et un petit pilier de 2 à 5 mètres de côté. Dans la même visite du lundi, nous tentâmes vainement de pénétrer dans la première galerie de niveau de cette couche et dans une remontée qui y aboutissait ; nous pensions y trouver les trois ouvriers placés dans ces deux galeries au moment de l'inondation. Le mauvais air qui s'y trouvait n'avait pas été renouvelé par l'airag,e , à cause de sa position et des débris énormes qui en obstruaient en partie l'entrée. En vain nous finies agiter l'air et verser du lait de chaux dans la galerie, il fallut renoncer à y pénétrer ce jourlà. Nous chargeâmes le gouverneur d'en faire, déblayer autant que possible l'entrée, et nous attendîmes le lendemain mardi, espérant que l'ai' rage de la nuit la rendrait plus accessible. Le mardi i5, les lampes ne pouvaient encore y pénétrer ; cependant, deux ouvriers, nommés Crinchon et Michel, allèrent à tâtons jusque dans la remontée dont nous venons (le parler, et y trouvèrent les cadavres de trois hommes : c'étaient

ceux que nous y cherchions, et qui, n'ayant pu sans doute gravir la galerie principale occupée par le torrent, s'étaient réfugiés au sommet de cette petite galerie montante. Ils n'ont pas été noyés instantanément, car les huit mineurs dé..