Annales des Mines (1829, série 2, volume 5) [Image 8]

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GROTTES D JECTIENOZ

ture. Toutes les dents sont parfaitement conservées et leur én.;-1. d'un blanc d'ivoire, n'a éprouvé au-

cune altération. On en voit parmi celles qui ont appartenu aux ours, qui sont fort grosses et extrêmement usées; d'autres, de moyenne grosseur, qui sont dans un état d'intégrité parfait, et un certain

nombre de fort petites, qui paraissent avoir été des dents de lait. La plupart des autres ossemens, ayant perdu une grande partie de leur gélatine, sont légers et happent à la langue; quelques uns

sont tendres et friables; deux ou trois ont été trouvés entièrement pétrifiés par une matière siliceuse de couleur jaunâtre, qui s'est substituée

à la matière osseuse. En général, l'altération qu'ont subie les os est d'autant plus grande, qu'ils se trouvaient plus voisins du sbl de la

grotte, et que la croûte de stalagmite qui les recouvrait était plus mince. Aussi quelques uns ont-ils été recueillis intacts sans les précautions prises d'ordinaire, tandis que d'autres se sont brisés en plusieurs portions au moindre choc. L'opinion généralement admise, relativement à la présence des os fossiles dans les grottes, est que ceux des animaux dont ils proviennent, qui étaient carnassiers, tels que l'ours et l'hyène, ont vécu et sont morts paisiblement dans ces cavernes qui leur servaient de repaire; tandis que les herbivores, tels que l'éléphant et le cerf, ont été traînés morts dans les grottes par des carnassiers qui les y ont dévorés. Cette opinion ne me paraît pas admissible pour la grotte d'Échenoz. En effet, les ossemens de générations qui se seraient éteintes successivement dans cette grotte, et ceux d'animaux dont les cadavres y auraient

été transportés par des carnassiers, auraient,

la pour là plupart, conservé leurs positions relatives et présenteraient, dans leur gisement, des ET DE FOUVENT.

squelettes à peu près entiers, ce qui n'a pas lieu; d'ailleurs, les carnassiers ayant dû généralement

mourir de vieillesse, on ne trouverait pas un

aussi grand nombre de dents entières et petites, qui proviennent nécessairement d'animaux morts fort jeunes. Enfin, s'il en eût été ainsi, les ossemens ne seraient pas pêle-mêle avec des cailloux arrondis, le plus souvent très gros, dont la présence au milieu de ces débris serait inexplicable. Il nous semble évident, d'après l'ensemble des

diverses circonstances du gisement décrit cidessus, que les animaux dont nous retrouvons les restes aujourd'hui ont péri, les uns dans un âge avancé, les autres jeunes encore, victimes d'une grande inondation, qui les a anéantis tous à la fois, et qui a enseveli leurs ossemens au milieu du limon et des pierres qu'elle avait transportés. Mais ce qui n'est pas de la même évidence,

c'est la cause à laquelle est due la présence des ossemens clans la grotte. Deux hypothèses se pré-

sentent pour l'expliquer: la première est que les animaux antédiluviens, effrayés par le fracas pré-

curseur d'une grande catastrophe et par l'élévation progressive des eaux, quittèrent en foule, vieux comme jeunes, les forets qu'ils habitaient

pour se réfugier clans la grotte; que les eaux l'ayant envahie, ces animaux y furent noyés au milieu du plus horrible désordre; que leurs cadavres furent mis en pièces par l'effet de l'agitation -violente des eaux et de la translation rapide des pierres arrachées aux rochers voisins; qu'enfin les eaux, en se retirant, laissèrent, avec les débris des animaux qu'elles avaient engloutis, et les