Annales des Mines (1826, série 1, volume 13) [Image 279]

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NOTICE

(c Je crois avoir rempli ma tâche», écrivait-il à cette époque

à M. le Directeur général des Ponts et Chaussées et des Mines ; » avec d'autres circonstances j'aurais fait mieux et

» plus vite. Je ne crois point qu'il ait dépendu de moi

D) d'obtenir immédiatement un succès plus complet. L'édu-

n cation des hommes et la disposition des choses qui se

» rattachent à une industrie nouvelle forment un pro» blême très-compliqué, dont les élémens inconnus ne n peuvent se résoudre tous à-la-fois. Il a fallu un certain » courage pour, le premier, oser le tenter seul ; et c'est tout le mérite que je prétends avoir eu. Quels que soient n les inconvéniens qu'on a rencontrés , l'établissement subsiste, ses bases sont bonnes, et il ne peut manquer de prospérer et de remplir le voeu des actionnaires. » L'exemple ne tardera pas à être suivi par de nombreux » imitateurs, et la France y trouvera un grand ensemble n de ressources qui manquaient jusqu'à présent à son in» dustrie , etc. n L'expérience a fait reconnaître la justesse de ces prévisions : un second haut-fourneau a été construit à TerreNoire à côté du premier, et la-machine soufflante de ces deux fourneaux suffira encore à l'établissement du troisième, pour lequel tous les travaux de fondation ont été exécutés par M. de Gallois; d'autres usines du même genre se sont élevées depuis et s'élèvent tous les jours, soit aux environs de Saint-Étienne, soit ailleurs , et une fabrication d'une haute importance est acquise à Pindustiie francaise.

Un résultat aussi précieux des talens et du dévouement d'un. ingénieur ne pouvait manquer d'être aperçu même d'avance et apprécié par l'administrateur éclairé qui avait encouragé ses efforts. En juillet 1823, M. le Directeur général des Ponts et Chaussées et des Mines fit un voyage à Saint-Étienne , et visita l'usine de Terre-Noire : le hautfourneau donnait peu de produit, le directeur était sur le point de quitter l'administration de l'entreprise; mais ces apparences fâcheuses n'empêchèrent pas que justice fut rendue à M. de Gallois, et le 23 août 1823 il fut nommé chevalier de l'ordre royal de la Légion-d'Honneur; l'année suivante, il fut promu à la première classe de son grade.

NÉCROLOGIQUE. 533: La santé de Ill. de Gallois, toujours faible, souvent toutà-fait dérangée , avait encore reçu

une atteinte grave des fatigues et des chagrins que lui avait causés son entreprise: plusieurs fois, dans ses dernières années, il fut obligé de demander des congés pour aller chercher à la rétalir, soit dans son pays natal , soit en passant Pltiver en Provence. Dans un de ces voyages, il séjourna temps- à Vence et à Nice, et rédigea un mémoirequelque sur la géologie des rives du Var. Plusieurs objets de service , et notamment l'instruction des demandes en concession des mines de houille de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme,. furent aussi pour lui l'occasion de travaux pénibles et longs. Cependant l'établissement qu'il avait fondé commençait à prospérer : la marche et le produit du hautfourneau étaient devenus conformes à ce que M. de Gallois avait annoncé dans ses devis ; il jouissait de ce succès et les actions de la Compagnie avaient acquis une supérieure d'un cinquième à leur valeur preniièré. valeur En juillet 1825, M. de Gallois alla prendre les du Mont-Dore ; loin d'en éprouver de bons effets , ileaux vint souffrant , faible , tourmenté d'insomnies en reet d'une grande irritation nerveuse, qu'augmentaient encore le défaut absolu de régime et la continuelle tension de son es'prit sur des objets sérieux. Il se disposait à entreprendre des courses de service dans le département du Cantal, voulut se reposer quelques jours à Clermont.... Le 25 et il y est mort, loin de sa femme et de son fils , dans un août violent accès de fièvre , déterminé par un bain froid qu'il avait pris imprudemment dans la matinée. Un semblable malheur n'avait pas besoin d'être aussi inattendu , pour plonger dans la désolation la famille de M. de Gallois, et pour être déploré par toutes les personnes qui avaient avec lui des relations même éloignées. Son caractère essentiellement bon et inoffensif, sa mo-

ralité scrupuleuse , ses sentimens empreints d'une candeur comparable à celle de l'enfance, attachaient àlui tous ceux dont il était connu. Son esprit, étendu et pénétrant, saisissait promptement l'objet qui le frappait , et l'approfondissait ensuite avec autant de vivacité que de persévérance. IL était un excellent homme et un ingénieur très-distingué

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