Annales des Mines (1825, série 1, volume 10) [Image 20]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

58

su R L'EMPLOI

puits peu profond ou d'une carrière exploitée à ciel ouvert, et que ce puits et cette carrière sont remplis d'un gaz méphitique, on rencontrera ordinairement peu de difficultés, et l'on conçoit qu'on pourra aller, marcher, agir et demeurer sans danger au milieu de cette atmosphère mortelle, si l'on tient appliquée sur la bouche une sorte d'embouchure semblable à celle d'un portevoix, et si à cette embouchure est adaptée l'extrémité d'un tube flexible qui soit assez long pour

que son autre extrémité ouverte reste constamment dans l'air ordinaire hors du puits ou de la carrière.

A l'aide de ce tube, l'homme respirera par la

bouche l'air qui lui est nécessaire, mais il

faudra qu'il rejette par les narines l'air des poumons (1). On pourra encore et plus facilement, au lieu de l'embouchure dont on vient de parler, faire usage d'un masque ou nez artificiel posé au-dessus de la bouche, attaché par des cordons derrière la tête, et auquel s'adapte aussi le bout d'un long tube flexible, qui a son autre bout ouvert clans l'air ordinaire. Dans ce dernier cas, on fera les inspirations (1) On lit, dans les Fastes de la marine française, par Turpin ( in-4°. Paris, 1764, page 36), que les Cosaques qui exercent la piraterie sur la mer Noire se réfugient dans les Palus-Méotides, et se font couler bas avec leurs barques lorsqu'ils se -voient poursuivis par les Turcs : enfoncés sous l'eau, ils conservent une respiration libre, par le moyen d'un roseau creux, dont ils tiennent un bout dans

la bouche, et dont l'autre sort de l'eau, et ils attendent ainsi le retour de la nuit pour relever leurs barques et se soustraire aux poursuites de leurs ennemiki.

DES LAMPES DE SURETÉ.

59

par le nez, et l'air qui sort des poumons sera

expiré par la bouche. C'est ainsi que Pilâtre de Rosier (1) a pu , en 1785, descendre au fond d'une cuve de brasseur profonde de 4 mètres, et y rester des heures entières au milieu du gaz acide carbonique dont elle était 1-emplie : il y agissait et marchait sans gêne et saris souffrance; il respirait facilement et rejetait sans peine l'air gâté des poumons; et plusieurs animaux qu'on a mis auprès de lui ont été promptement asphyxiés. C'est aussi par un procédé analogue, mais convenablement modifié que M. Klingert de Breslau, et plusieurs de ses ouvriers, en 1797, ont pu. descendre dans l'Oder, y travailler sous l'eau à 6 ou 7 mètres de profondeur, scier des troncs. d'arbres, attacher avec des cordes des masses pe- , sardes englouties au fond du fleuve, etc., tandis qu'un aide, placé sur le rivage, tenait les tubes. respiratoires ouverts dans l'atmosphère (2). Nous ne devons pas dissimuler que l'embouchure appliquée sur la bouche, et le masque ou nez artificiel, demandent une certaine habitude (1) Voyez un Mémoire ayant pour titre : Description et usage du respirateur antinzéphitique, imaginé par PiMue de Rosier, avec un Précis des expériences fàites par ce physicien sur le me'phitisme des fisses d'aisance,des cuves à bière, etc., par M. Delannaye. Paris, chez Laurent, libraire, rue de Tournon, 1785. Voyez aussi le Journal de physique, 1786, et le Journal des mines, tome III, no. 14. (2.) Voyez la Description de la nouvelle machine à plonpar M. K.-H. Klingrt. Breslau, 1799. Voyez

ger , aussi les Annales des arts et manufactures, par Oreilly, tome 111.