Annales des Mines (1817, série 1, volume 2) [Image 141]

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TERRAINS DE GYPSE ANCIEN. _

TERRAINS DE GYPSE ANCIEN.

d'alternatives bien prononcées entre le terrain calcaire et le terrain d'anthracite. J'étais donc

fondé à conclure que l'un et l'autre appartenaient à une même formation, à celle des terrains de transition.

Ma preuve 'principale, relative au terrain

calcaire, était donc son alternative avec le terrain à anthracite. Cependant ces alternatives, quoique incontestables, n'étaient pas appuyées sur des exemples assez évidens et assez faciles à observer promp-

tement, pour que les minéralogistes, qui ne faisaient que .traverser la contrée, pussent la

vérifier. Je désirais donc vivement pouvoir découvrir, dans les calcaires, quelques débris de

corps organisés, pour ajouter cette dernière preuve à mes conclusions, sur lesquelles je n'avais cependant aucune espèce de doute. J'en étais sans cesse occupé, et je ne pouvais

pas voir dans les collections ces calcaires des Pyrénées, du Harz et autres, si remplis de corps marins, et d'ailleurs si semblables à mes calcaires de transition, sans éprouver un véritable sentiment de peine.

Malheureusement les recherches réitérées que j'ai faites -chaque année, toutes celles que j'ai fait faire, jusqu'en 1814, par les élèves des mines, alors stationnés dans le pays, ont été entièrement infrtictueuses. Je me s,uis , il est vrai,

procuré à Chamouni, en 809, des coquillages dans un calcaire assez analogue à plusieurs des calcaires de /a Tarentaise. Ils provenaient des montagnes au - dessus de Martigny et Saint-Maurice; mais on ne put m'indiquer assez le -lieu pour que je pusse aller le vérifier d'ailleurs

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jC savais que le calcaire alpin existait de ce côté, et le calcaire adhérent à ces coquilles se rapprochait assez des calcaires alpins; en sorte que je

pensai que ce fait ne pouvait rien prouver en

faveur de l'existence des corps marins dans mes calcaires de transition. Les changemens dans les limites de la France m'ayànt ôté la facilité d'un séjour prolongé dans la Tarentaise ,j'avais perdu tout espoir de réussir dans mes recherches;, j'étais loin de prévoir que ce bonheur m'était réservé à Paris. En examinant avec M. Leman. différentes variétés de marbres polis, celui connu sous le nom de Brèche tarentaise nous passa Sous

/es yeux; M. Leman me dit qu'il connaissait, à Paris, une belle table de ce marbre, renfermant vers son milieu une coquille fossile. 11 Ignorait que cette roche calcaire saccharoïde était située au milieu même de la contrée oit j'ai décrit des terrains de transition, et qu'elle en fait essentiellement partie, comme je l'ai prouvé ailleurs. J'avais visité -vingt fois la carrière qui n'est pas en activité aujourd'hui, mais qui est toute

couverte de blocs prêts à être sciés; j'avais examiné avec soin la roche en place, et tout le terrain environnant; tous mes élèves avaient été sur les lieux j'avais vu dans la Savoie. un grand nombre de cheminées et tables de ce marbre; il me paraissait donc bien extraordinaire de ne pas y avoir observé de coquilles, s'il était vrai qu'il en renfermât. J'allai sur-le-champ voir cette table de marbre, et il ne me fut pas difficile de me convaincre au premier coup d'oeil de la présence d'une coquille,