Annales des Mines (1889, série 8, volume 8, partie administrative) [Image 45]

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STATISTIQUE

DE

L'INDUSTRIE MINÉRALE

Une commission spéciale a été chargée d'examiner si l'on ne pourrait éviter le retour de semblables catastrophes en modifiant la nature ou le mode d'emploi des poudres de mine. De nombreuses expériences ont été entreprises à cet effet, avec le concours de la Commission des substances explosives. Ces remarquables travaux, dus à nos savants et à nos ingénieurs, ont conduits à dés résultats nouveaux et ont permis de déterminer la nature des explosifs qui détonent a une température assez basse pour ne pas enflammer le grisou et qui, par conséquent, augmenteront notablement la sécurité. On peut donc concevoir de sérieuses espérances, quant à la réduction des accidents occasionnés par le dégagement du grisou. — En dehors des moyens préservatifs, dont l'étude et l'application progressent incessamment, la question complexe des indemnités à allouer aux victimes des accidents du travail est une de celles qui méritent le plus la sollicitude d'un gouvernement démocratique. Les Chambres en sont saisies et s'en occupent activement: mais pour une semblable étude, où il est impossible de ne pas faire appel à la statistique, les renseignements les plus importants font défaut. Pour contribuer, en ce qui le concerne, à éclairer ce sujet, le Département des Travaux publics a confié aux ingénieurs des mines, par une circulaire du 19 mars 1888, le soin de procéder à une enquête spéciale sur le nombre et les conséquences des accidents, les plus légers comme les plus graves, qui sont survenus dans les principales houillères pendant les années 1885, 1886 et 1887. Les victimes ont formé l'objet de listes nominatives, dans chaque exploitation, avec indication de la profession, de l'âge, du sexe, du salaire quotidien, de la nature des blessures, du nombre des journées de chômage occasionné par l'accident. Il est rendu compte de cette enquête dans le présent volume. La Commission se borne à signaler ici que, d'après ses résultats, la proportion des tués, dans l'industrie houillère, qui est une des plus dangereuses, ressort à 1,71 par 1.000 ouvriers; celle des veuves des victimes, à 1,07; celle des orphelins, à 2,28. Les blessés composent un effectif considérable, 175 par 1.000, si l'on compte les contusions les plus légères,, les accidents ayant occasionné quelques jours seulement de chômage. Suivant qu'on limite le relevé aux ouvriers qui ont dû chômer plus de 20 jours ou plus de 3 mois, la proportion descend à 35,6 ou à 4,3 seulement. On y trouve 1 invalide, c'est-à-dire 1 mineur frappé d'une incapacité de travail permanente, absolue ou partielle.

ET DES APPAREILS A VAPEUR.

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Le nombre moyen des jours de chômage des blessés est de 20 à 21. • Ce sont les registres des caisses de secours des houillères, dont on connaît la remarquable organisation, qui ont servi de base à cette précieuse enquête. Les chiffres qui viennent d'être cités suffisent à montrer quel intérêt considérable et quelles sérieuses difficultés présente la recherche d'une solution à la fois équitable, humanitaire et pratique de la question des indemnités et des pensions viagères à allouer aux victimes des accidents. — A la statistique des mines et des usines métallurgiques est annexée celle des appareils à vapeur employés dans les établissements industriels de toute sorte, sur les chemins de fer et à bord des bateaux. L'usage de la vapeur occasionne chaque année des accidents particuliers; mais ceux-ci sont bien moins fréquents que dans les mines. En 1887, il n'y a eu que 17 tués et 17 blessés, quoique le nombre des chaudières à vapeur, qui va toujours en augmentant, ait dépassé 80.000, sans parler des récipients. — Les ingénieurs des mines recueillent tous les ans des renseignements sur les carrières exploitées, les unes souterrainement, les autres à ciel ouvert, qu'ils ont mission de surveiller. Pour 1887, l'Administration des mines leur a demandé de dresser une statistique des divers matériaux tirés de ces exploitations, et a été ainsi à même d'établir, pour la première fois, et de faire figurer dans le volume une carte détaillée de la production des carrières de la France. D'après les résultats de ce travail intéressant, les substances extraites en 1887 (année où les chantiers ont présenté moins d'activité que pendant la période antérieure), consistant en pierre à bâtir, pierre à chaux, marne, argile, sable, pierre à plâtre, phosphate de chaux, granité et roches feldspathiques, ardoise, pierre meulière, grès, etc., ont formé un total de 17 millions et demi de mètres cubes, dont la valeur sur place est estimée à 164 millions de francs. L'exploitation des phosphates de chaux a déjà donné lieu, dans la statistique concernant l'année 1886, à une notice très complète, accompagnée d'une carte coloriée, dont la publication a été accueillie avec une faveur marquée. Elle a doublé d'importance en 1887, pour le plus grand profit de l'agriculture. — Par ce rapide exposé, la Commission pense avoir suffisamment montré, Monsieur le Ministre, l'intérêt qui s'attache à la statistique minérale et à ses annexes. Elle a fait insérer dans le