Annales des Mines (1889, série 8, volume 8, partie administrative) [Image 44]

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STATISTIQUE DE L'INDUSTRIE MINÉRALE

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ET DES APPAREILS A VAPEUR.

La statistique des usines à fer confirme cette appréciation dans une certaine mesure. La fabrication des fontes, des fers et des aciers, qui avait considérablement décru, présente une reprise manifeste, mais beaucoup moins marquée toutefois que celle de l'exploitation de la houille. Par rapport à l'année 1886, les progrès sont indiqués par les chiffres ci-dessous : Fontes Fers Aciers

Production en 1887.

Augmentations.

1.568.000 tonnes. 772.000 493.000

51.000 tonnes. 5.000 39.000

Les renseignements provisoires concernant 1888 accusenl d'ailleurs, comparativement aux résultats de 1887, de nouvelles augmentations dont les grands travaux entrepris pour l'Exposition universelle sont la cause principale, savoir : 121.000 tonne; pour les fontes, 62.000 pour les fers et 32.000 pour les aciers. Mais les usines sidérurgiques souffrent du ralentissement qù( la situation économique du pays force d'imposer à la construction des chemins de fer. La fabrication des rails, principalemen! en acier, qui s'élevait à 410.000 tonnes en 1883, est descendue' 204.000 tonnes en 1887, soit à moitié. Elles souffrent plus encor de la baisse considérable et continue qui affecte depuis plusieurs années tous les produits dérivés des minerais de fer. Les pris ont diminué, en moyenne, de 21 p. 100 depuis 1883, c'est-à-din dans une courte période de cinq années, et leur relèvement DI paraît guère probable, tant la concurrence est grande, à l'intérieur de la France comme au dehors. —■ Si l'on consulte les statistiques étrangères — et les deux ta bleaux détaillés consacrés à la statistique internationale, qui soc annexés chaque année à ce volume, permettent de le faire aisé ment — on constate l'atténuation de la crise métallurgique q sévissait encore en 1886 dans l'Europe entière, et le nouveau d veloppement de l'extraction du charbon dans la plupart des r gions du globe. Dans les pays civilisés, la production de la fonte atteint aujour d'hui 23 millions de tonnes, et celle de la houille, près de 435 a lions, au lieu de 21 et de 400 millions en 1883. Il convient de signaler spécialement les progrès accomplis soc ce rapport aux États-Unis d'Amérique et de placer en regard situation, relativement moins prospère, des Iles-Britanniques pays où les houillères et les usines à fer présentent l'impôt tance la plus grande :

Houille. ,

.

( en 1887. . .

A Tt Production des Etats-Unis. .}

m lgg3

„. , ( en 1887. . Production de 1 Angleterre, .j _ en 1&g3

117.900.000 tonnes. m &i m

161.716.000

.

.ono

16G 357

87 Fonte. 6.520.000 tonnes. .i.697.000 7.681.000 8.666.000

Les États-Unis, avec leur immense territoire, constituent d'ailleurs le principal centre de production des métaux usuels et des métaux précieux, dans le monde entier. — Sous ce rapport, la France n'occupe qu'un rang tout à fait secondaire. Elle ne fournit que de médiocres quantités de minerais de plomb argentifère, de zinc, de manganèse, presque pas de minerais de cuivre. Par contre, l'exploitation des pyrites de fer et surtout du sel, qui est extrait par parties à peu près égales soit des eaux de la mer, soit des profondeurs du sol, présente une importance réelle. Pour l'ensemble des substances minérales, les concessions de mines exploitées sont au nombre de 452, sans parler de l'Algérie. On évalue à 250 millions la valeur des produits qu'on en a tirés en 1887. Le nombre des mineurs s'est élevé à 112.000, sur lesquels 79.000 ont été occupés souterrainement. On compte en outre 110.000 ouvriers travaillant, temporairement ou d'une manière continue, dans les carrières et les minières de fer, parmi lesquels 13.000 sont employés à l'intérieur, dans les galeries et les cavages. Il est impossible qu'une semblable armée industrielle se livre à ces pénibles et dangereux travaux sans que des accidents viennent annuellement frapper un certain nombre de ses pionniers, malgré toutes les mesures propres à les préserver. Sur les 222.000 travailleurs dont il s'agit, 323 ont été tués, soit une proportion de près de 1 1/2 par 1.000. Une grave explosion de grisou, suivie d'incendie, survenue au puits Châtelus (Loire), a fait 79 victimes. Mais 5 mineurs seulement ont dû la mort aux émanations de ce gaz inflammable, en dehors de cette catastrophe, qui a été causée par l'allumage intempestif d'un coup de mine dans un chantier grisouteux. Les précautions à prendre à cet effet ont cependant été formulées avec le plus grand soin dans les « Principes à consulter» distribués en 1881 aux exploitants de mines de charbon, et ont même été rendues obligatoires depuis lors. La difficulté consiste à les faire strictement observer, et l'accident dont nous venons de parler a montré la nécessité de chercher encore d'autres garanties.