Annales des Mines (1888, série 8, volume 7, partie administrative) [Image 172]

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devra être permis que sous l'observation des prescriptions réglementaires actuellement consacrées. Il n'est pas inutile de rappeler en outre que les dangers qui resteront inhérents à l'emploi de ces explosifs peuvent être accrus, toutes choses égales d'ailleurs, par l'augmentation des charges. Ce n'est pas seulement de l'explosif en lui-même qu'il faut se préoccuper, mais encore du mode suivant lequel on le fait détoner. A cet égard, on ne saurait assez insister sur les dangers inhérents à la mèche de sûreté qui est encore la plus communément employée. Un premier danger consiste dans la projection de flammes qu'elle donne à l'extrémité allumée ; à vrai dire, on y peut parer dans une certaine mesure en tenant cette extrémité tout au bas du chantier en un point où, avec une attention des plus ordinaires, on puisse être assuré de ne pas avoir un mélange inflammable. Un second danger est à redouter au cas où l'enveloppe étant déchirée, il se ferait, lors de la propagation de l'inflammation, des projections de flammes en d'autres points placés d'une manière plus fâcheuse. Le plus grave enfin peutêtre résulterait du contact direct de la mèche avec des explosifs tels que les dynamites ou le fulmicoton, purs ou mélangés. L'explosif peut commercer à brûler avant de détoner sous l'action de l'amorce, et la détonation peut alors projeter des flammes susceptibles d'enflammer le grisou. Il est donc essentiel, si l'on emploie la mèche de sûreté, de s'assurer que l'amorce coiffant le bout intérieur de la mèche n'est pas entièrement plongée dans l'explosif. Ces inconvénients de la mèche sont tels que le mieux serait d'y renoncer pour recourir à un autre mode d'allumage. On pourrait employer des étoupilles de friction disposées de telle sorte qu'elles soient au contact même de l'explosif en évitant de les mettre à l'orifice du trou, comme dans certains modèles qui ont été proposés à l'industrie. On pourra également recourir à l'électricité, en ayant soin de n'employer que celle de la pile ou des courants de tension assez faible pour que l'étincelle qu'ils peuvent produire, en quelque point que ce soit, ne puisse enflammer le grisou. Les cordeaux détonants, dès qu'ils pourront être livrés à l'industrie française, pourront également constituer, peut-être, une solution avantageuse. J'ai pensé, monsieur le préfet, qu'il suffirait aujourd'hui de faire connaître tous ces faits aux exploitants et d'attirer sur ces sujets leur plus sérieuse attention, sans songer à entrer encore

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dans la voie d'une réglementation officielle. Si, en effet, la question peut être considérée comme ayant fait un pas très important au point de vue théorique, il reste encore plus d'un point à étudier dans le domaine de la pratique ; il m'a paru convenable notamment d'attendre que l'industrie pût avoir à sa disposition les nouveaux explosifs ou engins et qu'on fût mieux fixé sur leur maniement et les conditions pratiques de leur emploi. Dès aujourd'hui, toutefois, les exploitants d'une part et l'administration de l'autre trouveront, dans les rapports rédigés par M. Mallard au nom de la commission des substances explosives 8t dans le résumé que je viens d'en donner au point de vue pratique, les indications les plus utiles pour les divers cas qui peuvent se présenter dans l'exploitation. Suivant les conditions dans lesquelles un travail devra être poursuivi, les exploitants doivent, d'eux-mêmes et sous leur responsabilité, adopter et l'administration, le cas échéant, doit leur imposer l'emploi des moyens reconnus comme présentant les moindres dangers. On interdira, s'il le faut, l'emploi de la poudre noire ; et, si l'on ne peut se passer d'explosifs, on n'emploira que ceux qui peuvent être considérés comme les moins dangereux, en ne les utilisant que dans les conditions d'emploi considérées comme les plus sûres. Je vous prie de vouloir bien, avec le concours de MM. les ingénieurs des mines, faire remettre à tout exploitant de mine grisouteuse ou susceptible de le devenir, un exemplaire de la présente circulaire et des rapports de la commission des substances explosives. Je vous en adresse à cet effet le nombre nécessaire. Vous aurez soin de vous assurer, en raison de l'extrême importance de cette communication, qu'elle a été effectivement reçue par les destinataires. Vous voudrez bien m'accuser réception du présent envoi. Recevez, etc. Le Ministre des travaux publics, D. MONTAUD.