Annales des Mines (1888, série 8, volume 7, partie administrative) [Image 121]

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STATISTIQUE DE L'INDUSTRIE MINÉRALE, ETC.

RAPPORT DE LA

COMMISSION DE STATISTIQUE DE L'INDUSTRIE MINÉRALE ET DES APPAREILS A VAPEUR AU MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS.

Monsieur le Ministre, La Commission de statistique de l'industrie minérale et des appareils à vapeur (*) a l'honneur de vous présenter les tableaux et le rapport d'ensemble préparés par la division des mines, d'après les documents fournis à l'administration des travaux publics par les ingénieurs des mines, dans le courant de 1887 (**), Les renseignements, qui sont extrêmement nombreux et détaillés, concernent l'année 1886. Ils embrassent en premier lieu les mines et minières, les salines, les tourbières, les carrières, les sources d'eaux minérales; en second lieu, les usines métallurgiques, et enfin les appareils à vapeur employés, soit dans les établissements industriels, soit sur les chemins de fer et sur les bateaux. Pour 1887, on connaît dès maintenant, d'après les chiffres provisoires recueillis par les ingénieurs, le montant de la production des houillères et des usines à fer, c'est-à-dire les éléments principaux d'appréciation de la marche actuelle de ces deux grandes industries. L'exploitation des mines de houille, d'anthracite et de lignite, dans 297 concessions, a produit 19.910.000 tonnes de charbon en 1886. Lamoitié de cette quantité et au delà (10.373.000 tonnes) (*) Voir la composition de la Commission à l'état général du personnel, suprà, p. 72. (**) Le volume est mis en vente chez M™" veuve Dunod, libraire, quai des Grands-Augustins, n° 49, et chez Baudry et C«, libraires, rue des Saints-Pères, n» 1S. (Prix, 10 fr.)

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provient du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, qui a poursuivi régulièrement le mouvement ascensionnel de son extraction, plus heureux en cela que le bassin d'Aubin, où la grève de Decazeville a entraîné une réduction de près de 102.000 tonnes. Les renseignements les plus récents portent la production de 1887 à environ 21.400.000 tonnes, c'est-à-dire à un chiffre un peu supérieur à celui de l'année 1883, qui avait été jusqu'ici le plus élevé. Ce remarquable essor, auquel la reprise des sucreries a puissamment contribué dans le nord de la France, ne saurait toutefois être considéré comme une preuve que la crise intense, dont les entreprises de toute nature ressentent l'influence, touche enfin à son terme. En effet, la consommation des combustibles minéraux ne s'est pas développée comme l'accroissement de l'extraction tendrait à le faire supposer. Si les houillères ont montré plus d'activité, c'est que les exploitants ont réduit notablement le prix du charbon, qu'ils ont obtenu des tarifs plus avantageux sur différentes voies ferrées et navigables, et sont ainsi parvenus à augmenter l'exportation et surtout à refouler les combustibles étrangers. Les houilles belges, allemandes et anglaises contribuent encore, pour plus d'un tiers, à notre approvisionnement : leur importation a toutefois subi une réduction de 761.000 tonnes en 1885 et une nouvelle diminution de 536.000 tonnes en 1886. Ces chiffres sont tirés des étals des douanes, moyennant une modification partielle, qui s'impose, et qui consiste à substituer au poids du coke importé celui de la houille crue, nécessaire à sa fabrication. La consommation annuelle de charbon ne s'était jamais élevée, en France, aussi haut qu'en 1883, où elle a atteint 32.439.000 tonnes. Depuis lors, elle s'est réduite successivement jusqu'à ÎO.619.000 tonnes, en 1886. La diminution tient en grande partie à la crise de l'industrie sidérurgique. La production annuelle des fontes, des fers et des aciers a formé un total de 3.570.000 tonnes en 1883, et seulement de 2.712.000 tonnes en 1886, soit l'énorme diminution de 858.000 tonnes. Le maximum a été atteint en 1883 pour les fontes (2.069.000 tonnes); en 1882 pour les fers (1.073.000 tonnes); en 1885 pour les aciers (554.000 tonnes). La décroissance est accusée par les chiffres suivants :