Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 89]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

176

COMMISSION

OU GRISOU.

Dans l'appareil imaginé par M. Regnard, le gaz respiré est, à chaque expiration, débarrassé, par une dissolution de potasse, de l'acide carbonique produit, en même temps qu'un volume d'oxygène égal au volume d'acide carbonique disparu vient remplacer l'oxygène absorbé par l'acte de la respiration. L'air qui arrive aux poumons de l'homme renferme toujours ainsi les mêmes proportions relatives d'oxygène et d'azote. L'oxygène est contenu dans un sac en caoutchouc enfermé dans une boîte en fer-blanc qui contient aussi la dissolution potassique. L'appareil, placé sur le dos, est peu encombrant ; il ne pèse que 10 kilog. 11 suffit à entretenir la respiration pendant plus d'une heure. L'essai qui en a été fait devant la commission dans une des caves de l'École des mines a pleinement réussi et démontré que l'ingénieux appareil de M. Regnard pouvait rendre au mineur, dans des cas fort nombreux, des services importants. Le manuel rédigé par M. Regnard est très clair et très net; il indique avec précision les premiers soins à donner aux victimes d'un accident de grisou en attendant l'arrivée du médecin, ainsi que les appareils et les médicaments, réduits à un très petit nombre, qu'il convient de mettre à la portée de tous pour qu'on puisse utilement s'en servir au moment nécessaire. L'auteur de ce manuel, dont les ingénieurs apprécieront certainement très haut la valeur, conseille avec beaucoup de raison l'organisation, parmi les ouvriers de la mine, d'une brigade de sauveteurs exercés à manier les appareils de sauvetage et à donner aux blessés les premiers pansements. 11 indique les exercices pratiques auxquels il conviendrait de soumettre les membres de cette brigade.

§ 2. — ENQUÊTES OUVERTES PAR LA COMMISSION. Statistique des accidents. — Toute étude des moyens propres a diminuer le nombre des explosions de grisou, ou à en atténuer les effets comprend nécessairement celle des diverses circonstances qui donnent lieu à ces accidents ou qui les aggravent. La statistique des coups de grisou, faisant connaître pour chacun d'eux les causes générales et accidentelles, ainsi que les conséquences plus ou moins graves qu'ils ont entraînées, présente donc le plus vif intérêt. Ce travail, possible chez nous, grâce aux procès-verbaux rédigés par les ingénieurs des mines, mais long et pénible par la masse même des documents à dépouiller, a été sue-

COM.MISSION DU GRISOU.

177"

cessivement poursuivi par MM. Petitdidier et Lallemand, ingénieurs des mines. La publication de ce travail considérable a été retardée par des nécessités de service. Mais nous pouvons espérer qu'elle est prochaine. L'étude attentive de ce document important ne manquera pas sans doute de conduire à d'intéressantes conclusions. D'après les communications sommaires que M. Lallemand nous a faites dans diverses séances, l'une de ces conclusions sera vraisemblablement que l'inflammation du gaz par les coups de mine est de beaucoup la cause occasionnelle la plus fréquente des explosions de grisou. Enquête ouverte parmi les ingénieurs. — Outre cette enquête rétrospective dans les documents que nous a légués le passé, la commission a ouvert sur toutes les questions qui se rattachent à l'objet de sa mission l'enquête la plus large et la plus complète. Elle a fait appel à tout le monde sans exception, et tout particulièrement aux ingénieurs qui dirigent nos houillères ou à ceux qui, au nom de l'Etat, en surveillent l'exploitation. Les appréciations émises devant elle par ces hommes compétents ont été insérées dans ses procès-verbaux avec les discussions auxquelles elles ont donné lieu en séance. Les mémoires écrits qu'on lui a adressés ont trouvé place dans les pièces annexées aux procès-verbaux des séances. Parmi les ingénieurs qui ont répondu à l'appel de la commission, nous citerons les noms de MM. Baretta, Castel, Chanselle, Chavatte, Clermont, Dumont, Denis, Delafond, Domage, Dombre, Fumât, Grand'Eury, Guibal, Lévy., Mathet, Marsaut, Massieu, Mire, Murgue, Olry, Petitjean, Place, de Reydi'llet, Reynier, Ruggieri, Soulary. A ces noms, il faut ajouter ceux de MM. Carnot, Dupont, l'arran, Tournaire, qui ont bien voulu assister à un grand nombre des séances de la commission et lui ont apporté le plus précieux concours; enfin ceux de MM. Aguillon, Lallemand, Petitdidier, Regnard, Sauvage, Tresca et Vicaire, qui ont eu une grande part dans les travaux des souscommissions. Au cours de cette laborieuse enquête, de nombreuses inventions et de nombreux projets ont été soumis à l'examen de la commission. Tous ont été l'objet d'un examen attentif; malbeureusement, un bien petit nombre de ces propositions ont présenté un véritable intérêt, et les soixante et quelques rapports présentés à leur sujet à la commission et discutés par elle n'ont guère pu signaler que ^'appareil d'analyse de M. Coquillion qui peut rendre de très réels