Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 88]

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sonnes les plus compétentes. Elle a fait appel aux lumières de M. Sarrau, directeur des poudres et salpêtres, et de M. Ruggieri. Elle s'est adressée à la commission des explosifs qui a bien voulu lui donner, dans un rapport publié parmi les documents de la commission, son avis détaillé. Des expériences ont été faites sur une cartouche spéciale présentée par M. Mac Nab. Elles ont été malheureusement peu satisfaisantes, mais il est peut-être permis d'espérer que le dernier mot n'est pas dit, et que les expériences de la commission mettront sur la voie d'autres procédés donnant de meilleurs résultats. Dans l'état actuel de la question, il n'y a qu'à souhaiter que les machines déjà imaginées pour abattre la houille sans le secours de la poudre arrivent à un état de perfection assez grand pour que le tirage des coups de mine puisse être définitivement abandonné, au moins dans l'abatage.

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COMMISSION OU GRISOU.

COMMISSION OU GRISOU.

peutêtre mise en suspension dans l'atmosphère que sous l'influence d'une cause mécanique très violente, ni se maintenir que pendant un temps extrêmement court après la cessation de cette cause ;

W Que, dans tous les cas, et sauf pour les poussières de lignite, la vitesse de propagation de l'inflammation, dans un air chargé de poussières, est extrêmement faible et pour ainsi dire nul ; 5° Enfin, que l'inflammation ne peut être communiquée aux poussières en suspension, sur une étendue un peu notable, que par des flammes très larges. Il résulte de ces faits que les poussières de houille mélangées à l'air ne peuvent jamais donner lieu qu'à des explosions locales et très limitées. Ces explosions elles-mêmes ne peuvent guère être provoquées que par un coup de mine débourrant ou par un coup de grisou. En l'absence du grisou, le rôle des poussières est donc extrêmement limité, et il semble que, l'attention étant éveillée sur ce point, il soit extrêmement facile de le rendre tout à fait nul.

5° INFLUENCE DES POUSSIÈRES.

La question si controversée du rôle des poussières dans les explosions de mines n'a pas cessé de préoccuper la commission. Des expériences ont été entreprises par elle en vue d'y porter un peu plus de lumière. Nous avons résumé dans un travail étendu les expériences de la commission, celles qui sont dues à divers auteurs, ainsi que l'état de la question, et nous avons formulé nettement nos propres conclusions. Nous croyons avoir établi :

Dans une mine à grisou, au contraire, les poussières, en s'enflammant à la flamme du gaz, peuvent aider à la propagation de l'explosion et modifier d'une façon très funeste les produits de la combustion en donnant lieu à de l'oxyde de carbone.

Dans ces

mines, il convient donc d'éviter de grandes accumulations de poussière au sol des galeries ; mais il ne faut pas perdre de vue que la vraie cause du danger est le grisou, et que c'est contre cet ennemi que l'attention du mineur doit être principalement ptsans cesse éveillée.

i° Que certaines poussières de houille maintenues en suspension dans l'air peuvent y être enflammées, sans qu'il soit néces6° SOINS A DONNER AUX BLESSÉS APRÈS LES EXPLOSIONS.

saire que l'air tienne préalablement une quantité plus ou moins grande d'un gaz combustible; 2°

Que les combustibles minéraux sont sous ce rapport extrême-

ment différents les uns des autres. Quelques-uns donnent des poussières incombustibles dans les conditions précitées, tandis que les poussières formées par d'autres présentent une combustion plus ou moins facile. En général, les houilles donnent des poussières d'autant plus inflammables que la proportion des matières volatiles y est plus considérable. L'inflammabilité des poussières de lignite, qui sont placées sous ce rapport à l'extrémité de la série, est telle qu'elles donnent lieu à de petites détonations qui ne se produisent amais avec les poussières de houille ; 3° Que la quantité de poussières qui doit être mélangée à l'air pour que l'inflammation se produise et se propage à quelque distance du point enflammé, est très considérable et telle qu'elle ne

Ce sujet s'éloignait trop des études habituelles de la plupart des membres de la commission pour qu'il pût être suivi par eux. Heureusement que la commission comptait parmi ses membres un physiologiste éminent, M. Paul Bert, qui a bien voulu se charger de ce travail, secondé ou suppléé par un de ses collaborateurs habituels, M. le docteur Regnard, professeur à l'Institut agronomique. Grâce à ces savants, la commission est en mesure : i° De signaler à l'attention des mineurs un appareil nouveau permettant de séjourner pendant un certain temps dans un milieu irrespirable; 2°

De publier un manuel de soins à donner aux blessés après une

explosion, destiné à être mis dans les mains de tous les ingénieurs et même de tous les maîtres-mineurs.