Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 83]

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GRISOU.

compagnant de la pulvérisation et de la projection d'une masse correspondante de combustible. Mais le grisou n'existe pas seulement dans la houille, il peut remplir aussi les crevasses que les failles ont produites en découpant le terrain houiller. Ces crevasses constituent alors de véritables réservoirs d'où le gaz, qui y est fortement comprimé, peut s'échapper par le plus petit orifice, avec une grande vitesse, en donnant lieu à un soufflard. Les soufflards dus à cette cause n'ont en général qu'une faible durée, car le réservoir qui les alimente est lui-même limité. Lorsqu'une couche de grès se trouve clans des conditions telles qu'elle peut s'imprégner de grisou sans que le gaz puisse se dégager, elle constitue un véritable niveau de gaz au même titre qu'un banc de grès imprégné d'eau constitue un niveau d'eau. Lorsqu'une semblable couche de grès est mise en communication avec l'atmosphère, soit par les galeries de l'exploitation, soit par les fissures que les travaux provoquent dans le terrain, il se produit en quelque sorte une fontaine de gaz alimentée par le drainage de la couche, au travers de laquelle le grisou circule encore plus librement que ne peut le faire l'eau. Le débit de cette fontaine gazeuse peut durer pendant un temps très long, car le réservoir qui l'alimente peut avoir un volume énorme. Telles sont les causes auxquelles on peut rapporter des dégagements de grisou exceptionnels qui ont été observés assez souvent en Angleterre, et qui ont pris le nom de soufflards {blowers), de dégagements subits (sudden outbursls) soit au toit, soit au mur. Ces dégagements exceptionnels sont dus à un concours de circonstances géologiques qui ne paraît pas s'être rencontré, au moins jusqu'à présent, dans les mines du continent. La commission, grâce à ses diverses publications, et particulièrement à celle du rapport de MM. Pernolet et Aguillon, et celle d'un extrait détaillé du mémoire de Lindsay Wood, aura contribué, par le rapprochement des faits observés dans les diverses contrées, à élucider le problème du gisement et du mode de dégagement du grisou. Il nous paraît que la commission aura rempli sa mission, si, après avoir ainsi fait connaître aux ingénieurs l'état de la question, elle leur adresse la présente recommandation d'observer et de publier tous les faits relatifs, soit au dégagements normal, soit aux dégagements exceptionnels qu'ils pourraient rencontrer dans leur pratique journalière. Quant à la question qui a été soulevée par M. Arnould, de savoir quel est l'état physique du grisou dans l'intérieur de la houille et

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s'il s'y trouve contenu sous la forme gazeuse ou sous la forme liquide, elle peut être intéressante au point de vue théorique, mais elle ne touche nullement la pratique. La solution en est liée au développement général de la science, et il ne nous paraît pas qu'il soit utile d'instituer sur ce sujet une nouvelle série de recherches. Influence de la pression barométrique. — Nous ne reviendrons pas ici sur la question si controversée de l'influence de la pression barométrique. L'un de nous a publié sur ce sujet un travail étendu sur les conclusions duquel nous sommes pleinement d'accord l'un et l'autre. A nos yeux il est établi que les variations de pression barométrique sont sans influence sur le dégagement du grisou au front de taille et M. L. Wood, par des expériences directes, vient de mettre ce fait hors de doute. Nous admettons cependant comme possible, mais non comme pleinement démontré, qu'une baisse brusque et considérable du baromètre peut faire refluer dans les galeries immédiatement contiguës, surtout si elles communiquent avec les anciens travaux par des orifices relativement étroits, le gaz qui peut se trouver accumulé dans les anciennes excavations. L'enquête que nous avions essayé d'établir à ce sujet n'a point abouti, et aucune réponse ne nous est parvenue aux questions que nous avions posées. Nous croyons, en effet, que si cette influence des baisses brusques du baromètre est théoriquement admissible, elle doit, en fait, s'exercer rarement et n'avoir sur la sécurité générale des travaux qu'une influence très secondaire et très difficile à établir avec certitude. Dans tous les cas, la discussion approfondie à laquelle s'est livrée la commission et à laquelle elle a convié tous les ingénieurs n'aura point été inutile pour ramener le problème à ses véritables termes. Il est évident que la commission ne peut plus, sur ce sujet comme sur le précédent, qu'engager les ingénieurs à observer et à publier les faits qui se présenteraient dans les exploitations qu'ils dirigent.