Annales des Mines (1877, série 7, volume 6, partie administrative) [Image 214]

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Le mécanisme dont je parle est donc très-défectueux. Si l'o convient d'accorder quelque chose aux exportateurs, il faut le fair . dans des conditions moins onéreuses. Il vaudrait mieux que 1 gouvernement donnât directement 5 ou même io francs aux es portateurs que de perdre, lui, 20 francs, et les maîtres de forge 17 francs sur 20. On nous a dit : Il y a une sorte de compensation entre ceux q perdent et ceux qui gagnent! Je n'admets pas, comme l'exprimai si bien M. Amé, qu'on puisse faire prospérer une branche d'indus trie au moyen de la perte qu'éprouve une autre branche. Favori ser l'un en prenant dans la poche de l'autre, c'est là une sorte d communisme que je repousse absolument. Mais, même au point de vue économique, cette compensatio n'existe pas ; car c'est au moment où l'industrie des forges per le plus que l'industrie de l'exportation gagne le moins, l'iusle forges sont maltraitées, moins l'exportation bénéficie. Quand le prix de l'acquit s'abaisse, quand il tombe à 3, U, 5 francs, l'industrie des forges, étant moins protégée, souffre davantage et c'est précisément à ce moment-là que l'exportateur gagne moins aussi, puisqu'il ne profite que de la valeur de l'acquit. Quand l'acquit est à i5 ou 16 francs, évidemment l'exportateur gagne plus que quand il est à 3, h, 5 francs. Le mécanisme fonctionne donc dans des conditions tellement bizarres que, comme je l'énonçais, — et je ne saurais trop insister là-dessus, — les avantages qu'il procure aux exportateurs sont d'autant plus faibles que l'industrie des forges souffre davantage. Ainsi, même au point de vue économique, il n'y a pas compensation : on ne peut pas dire que l'exportation gagne ce que perd l'industrie des forges. Celle-ci perd, dans la proportion de 17 fr., et l'exportation gagne dans la proportion de 3 francs. Il suffit, je crois, de mettre en relief ces résultats, pour faire juger ce qu'il y 1 a de défectueux dans le mécanisme en question. Je dois ajouter qu'il me semble qu'on est disposé à s'exagérer I l'influence que les admissions temporaires exercent aujourd'hui sur les exportations. Il est certain qu'à l'époque où le système des admissions temporaires est entré en pratique et a placé les fers dans des conditions que l'honorable M. Gouin voudrait voir revenir, il est certain, dis-je, qu'alors ce système pouvait avoir une grande influence sur les exportations. Quand on pouvait gagner Go ou 65 francs par tonne de fer, les exportateurs avaient là le moyen de résister à des concurrents puissants. Mais, grâce aux progrès qui ont été

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jits, grâce aux perfectionnements apportés dans l'outillage, grâce cette intelligence dont M. Gouin a plus que personne le droit e parler, les exportateurs ont conquis une situation telle que, ursqu'on leur a enlevé les 60 francs par tonne qu'ils gagnaient et u'on les a réduits aux h ou 5 francs qui forment la portion conrue sur la fonte, leurs opérations n'ont pas souffert Voici quelques chiffres indiquant ce qu'ont été les exportations otales avant 1870:— 1860, 87.105 tonnes.—1865, 89.529.—1865, i58./|26. — 186G, 16g.578. — 1867, i52.o56. — 1868, i8Zi,3i7.— 1869, 231.899. Apartirde 1870,époquedenotre malheureuse guerre, lesexporutions totales tombent à iZi6.uÔ2 tonnes. — 1871, 153.378 tonnes. Alors commence l'application des décrets de 1870 qui ont supprimé les bénéfices sur les fers. — 1872, 270.277 tonnes, Zio.ooo tonnes de plus qu'en 18C9, année qui a précédé les décrets ! En 1873, 269.524 tonnes, et en 187Z1, 260.501. Ainsi, au lendemain de l'application des décrets de 1870, les exportations totales ont augmenté. 11. GODIN. — Les causes des exportations totales sont absolument indépendantes les unes des autres. 11 ne faut pas aller chercher des arguments dans le commerce général. M. DE FREYCINET. — Mais ces arguments-là intéressent tous les consommateurs. M. GOUIN. — Les chiffres seraient encore plus considérables, si on laissait les importations se produire. M. DE FREYCINET. — L'honorable M. Gouin me vient en aide par son interruption même. Il dit que les chiffres que j'ai indiqués tiennent à des causes distinctes de celle que j'examine. C'est précisément là où je voulais en venir. Je dis que le décret de 1870 et les mesures que l'on réclame sur les admissions temporaires ne sont pas la cause efficiente des exportations. Les exportations diminuent ou augmentent en vertu de causes avec lesquelles les admissions temporaires n'ont rien à voir. Ce qui le prouve, c'est que M. Ozenne montre qu'en 1875, le chiffre des exportations a diminué. Oui, il a diminué, mais c'est parce qu'une crise spéciale a pesé sur le marché français. Lorsque vous arguez des facilités que vous donnent les admissions temporaires, vous m'opposez des faits qui prouvent simplement que vous avez certains avantages à la mesure; mais ces avantages sont sans résultat sur la marche générale des exportations. Pour rendre la démonstration plus précise, distinguons les exportations.