Annales des Mines (1870, série 6, volume 9, partie administrative) [Image 138]

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ENQUÊTE

OFFICIELLE

SUR.

LA.

CONDITION

DES

DANS LES

OUVRIERS

« La société du Grand-Hornu avait organisé une boulangerio, pour fournir à ses ouvriers du pain de bonne qualité au prix de revient; cette boulangerie a dû être fermée, après peu d'années, les ouvriers refusant de s'y approvisionner. Le charbonnage des Produits » (le seul, pouvons-nous ajouter, dont l'administration ne se soit point laissé décourager au Borinage par des essais infructueux), « déclare qu'il achète des farines en gros, pour les revendre en détail au prix coûtant et même quelquefois au-dessous de ce prix, mais que très-peu d'ouvriers ont voulu jusqu'ici profiter des avantages que cette opération leur présentait.

MINES

ET

USINES

DE

BELGIQUE,

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est poursuivie av«e succès, depuis plusieurs années, aux charbonnages du Bois-de-la-Haye

(Charleroi), d'Ougrée et de Wandre

(province de Liège), aux usines métallurgiques de Sc'hlessin et de Corphalie (idem), à la manufacture de glaces de Sainte-Marie d'Oïgnies (Hainaut), dont les propriétaires ont fondé des magasins généraux de denrées alimentaires et .même des fourneaux économiques. La société du Bleyberg se borne à recommander une maison .de .commerce, dont elle surveille les opérations. Les sociétés de

Les mêmes obstacles se sont rencontrés ailleurs, notamment à

Vedrin et Saint-Marc (Namnr), d'Angleur (Vieille-Montagne),d'Engis

l'usine de Valentiu-Cocq (Vieille-Montagne), dont les propriétaires

(Nouvelle-Montagne), de Monceau-Fontaine et Martinet (houil-

ont dû reculer devant le mauvais vouloir des intéressés. Quant

lère), livrent à prix réduits, seulement eu cas de cherté, des

aux sociétés qui n'ont encore fait aucun essai, elles considèrent

pommes de terre, du bœuf et du lard d'Amérique, ies.exemples ne

« presque toutes l'institution, par leurs soins, de magasins de den-

sont pas encore, comme on le voit, si nombreux qu'omdoive re-

rées alimentaires comme ayant peu de chances de succès (*). » Ces répugnances n'empêchent point M. l'ingénieur en chef Rucloux

noncer it les énnmérer. La plupart des magasins permanents

de la recommander, « sans se laisser arrêter par la crainte de mé-

coûtant, mais le plus souvent avec un certain bénéfice, qui tantôt

contenter le commerce local, dont l'intérêt ne doit pas primer

■est^employé à des œuvres utiles pour la .classe ouvrière (subven-

celui de l'ouvrier aux yeux de l'industriel. »

tions aux caisses de secours, fondation d'écoles (gardiennes ou de

me

vendent pas au prix

bibliothèques populaires), tantôt est distribué entre les clients « La mesure a été critiquée,—dit-il;—on voit, par les cahiers de l'enquête, que bon nombre de nos directeurs et de nos exploitants la considèrent encore comme présentant des inconvénients, des difficultés d'application, et même comme pouvant donnerHBU à des abus regrettables; mais ce sont là des préventions, qui devraient disparaître devant l'expérience faite aujourd'hui; celleci nous la montre comme parfaitement pratique et applicable, avec grand avantage pour l'ouvrier, à tous les établissements d'une certaine importance. « L'on a dit, et je tiens à relever ce reproche, qui ne repose sur aucune espèce de fondement, que le magasin permettait à l'ouvrier à court d'argent de s'en procurer, en se faisant délivrer des marchandises qu'il allait ensuite revendre aux détaillants do la localité. Cet abus se commet, en effet; mais en quoi est-il spécial au magasin? L'ouvrier ne peut-il pas user/de la même façon, du crédit dont il jouit chez le boutiquier où il s'approvisionne habituellement? Au lieu de le favoriser, le magasin y serait, au contraire, un obstacle, si l'on voulait se donner la peine de limiter, pour chaque ouvrier, les quantités de denrées qu'il pourrait se faire délivrer, en ayant égard à la situation de sa famille ; car, le magasin tuant le crédit de l'ouvrier chez le détaillant, celui qui aurait usé de ce moyen pourrait, pendant le temps où il ne lui serait plus donné d'avoir recours à l'établissement, se trouver très-embarrassé de se procurer pour sa consommation, les denrées dont il aurait trafiqué. »

dans la proportion des achats qu'ils ont faits. Ce dernier système, dans l'opinion de M. Rucloux, « doit être jugé le meilleur, parce que c'est celui qui se rapproche le plus de l'associati-on coopérative de consommation, dont il procure à l'ouvrier tous les avantages...Il lui fournit un moyen facile d'épargner, en le mettant, à un moment donné, en possession d'une certaine somme, montaut des économies réalisées sur ses emplettes. » «Quelques efforts pnî été faits pour décider les .ouvriers a .se charger eux-mêmes de la gestion de ces magasins..et à en faire des ^œuvres exclusivement coopératives. » Ce .résultat a été en partie atteint au Bois de la Haye, où la caisse de secours fournit .le fond de roulement de l'entreprise, qui vend les denrées au >prix de'revient, sous la surveillance d'une commission de quinze ouvriers. "Nous rencontrons ici un exemple de contrôle exercé par les délégués des intéressés; de même que nous avons vu, dans d'autres magasins administrés par les patrons, des exemples de partage des (Profits entre les acheteurs, considérés comme des .actionnaires. Ces deux caractères réunis constituent la coopération ; sous cette forme, les essais pour l'établir sont généralement restés infruc-

L'expérienoe sur laquelle s'appuie l'ingénieur en chef de Liège tueux. É

(■**) Rapport de l'ingénieur principal du Centre du Hainaut.

« On conçoit, en effet, que l'ouvrier se 'montre peu disposé à engager un