Annales des Mines (1869, série 6, volume 8, partie administrative) [Image 4]

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LOIS,

DÉCRETS ET ARRÊTÉS

l'amélioration des conditions générales de la production et de la richesse publique, s'affirme de plus en plus. C'est surtout par les concours que le progrès agricole est attesté. Dans les concours antérieurs, surtout ceux d'animaux reproducteurs, de produits et d'instruments agricoles, le nombre des compétiteurs a présenté chaque année une augmentation sur le concours précédent; mais le choix des sujets était trop souvent douteux; beaucoup d'instruments et de produits n'attestaient que l'ignorance des progrès accomplis;1 aussi un grand: nombre de récompenses restaient sans emploi. En 1868, en général, les animaux présentés ne sont plus que des sujets de choix; les instruments et les produits révèlent une plus grande intelligence des conditions de la culture, et les jurys, nonseulement décernent toutes les récompenses du programme, mais sollicitent des prix supplémentaires dans certaines catégories d'animaux. Cette situation, toutefois, s'indiquait déjà dans les années antérieures; mais, en 1868, elle est beaucoup plus accentuée, et c'est ce qui distingue les expositions agricoles de cette dernière année. C'est dans une appréciation mieux entendue des conditions des concours qu'il faut chercher la cause de cette amélioration. Les agriculteurs, familiarisés aujourd'hui avec les bons types d'animaux, se sont initiés peu à peu aux meilleures conditions d'élevage; leur intelligence s'est développée à la vue des résultats qu'ils étaient appelés à apprécier, ainsi qu'au contact des hommes plus instruits et plus capables qu'ils rencontraient dans les concours. Dès lors, c'est avec plus de circonspection qu'ils s'engagent dans la lutte, et de là résulte que, si le nombre des animaux et des objets exposés en 1868 n'a pas été plus élevé qu'en 1867, les conditions générales des uns et des autres étaient notablement supérieures. Les concours de boucherie ont été tenus cette année à Châteauroux, Amiens, Nantes, Avignon, Metz, Lyon et Bordeaux. Un concours général, tenu à la Villette, a complété ces exhibitions régionales. Ce dernier avait lieu depuis i8Zi5 à Poissy; mais, à plusieurs reprises, le jury et les exposants avaient réclamé sa translation à Paris, où une plus grande affluence de visiteurs devait donner plus d'éclat à la lutte. D'ailleurs, l'ouverture du marché d'approvisionnement de la Villette avait déplacé le centre des transactions auxquelles donne lieu le commerce des bestiaux gras, et il eût été contraire aux intérêts des éleveurs de les con-

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traindre à conduire à Poissy leurs animaux pour les ramener à Paris le lendemain. Ces motifs ont déterminé l'administration à transporter au marché de la Villette le concours général. On pouvait craindre qu'au début ce déplacement ne nuisît à l'éclat de cette exposition. Ces prévisions ne se sont pas réalisées ; le concours a été très-brillant et les bestiaux exposés fort remarquables. On a constaté en effet que les animaux se distinguaient généralement par la régularité de leur conformation, par la diminution de la charpente osseuse, par l'harmonie de la forme et la finesse des tissus, enfin par l'aptitude à l'engraissement et par la précocité. En résumé, le nombre des bestiaux gras ou lots d'animaux exposés, en 1868, dans les concours de boucherie, a atteint le chiffre de 1.291, alors qu'en 1867 il avait été de 1.521 ; c'est une diminution de 5o animaux ou lots d'animaux que compensait largement la qualité. Aussi alors qu'en 1867 il avait été distribué, en prix et médailles, une somme de a3i.ooo francs, en 1868 le total des récompenses décernées représen te unesommede 255.000 francs. Les concours régionaux surtout, ont offert, cette année, les signes distinctifs du progrès que l'on a signalé plus haut. Les villes qui ont été le siège de ces expositions sont : Quimper, Angoulême, Rouen, Lons-le-Saulnier, Montpellier, Orléans, le Puy, Arrâs, Metz, Toulouse, Châlons-sur-Marne et Rodez. Le nombre des animaux présentés dans ces diverses expositions a subi, par rapport à 1867, pour les espèces bovine et porcine, ainsi que pour les animaux de basse-cour, une diminution assez notable, qui disparaît presque entièrement d'ailleurs, si on le compare à la moyenne des neuf dernières années. Mais, pour les instruments et les produits agricoles, l'augmentation a été considérable. Là encore on a pu voir combien nos éleveurs comprenaient mieux les conditions qui président à l'amélioration des races et combien les sujets de choix abondaient. Aussi, après une étude approfondie des expositions de 1868, on peut affirmer que l'élevage du bétail est, de toutes les industries agricoles, celle qui a réalisé les progrès les plus rapides depuis quinze ans, et cette amélioration est attribuée, avec raison, aux concours. La dépense, pour ces expositions régionales, a été, en 1868, de 828.000 francs. Dans le but de compléter l'enseignement offert par ces exhibitions, le gouvernement a autorisé, dans leur sein, des conférences qui sont confiées, soit à des membres du jury, soit à des professeurs d'agriculture ou de sciences, soit à des agronomes instruits et habiles. Cette innovation fait espérer d'excellents fruits; elle permettra d'initier les cultivateurs aux secrets des meilleures