Annales des Mines (1868, série 6, volume 7, partie administrative) [Image 156]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

3o6

307

CIRCULAIRES-

CIRCULAIRES.

époques antérieures, le gouvernement a jugé nécessaire de faire procéder, aux frais de l'État, à l'exécution de plusieurs cartes géologiques détaillées qui, par la supériorité du travail, puissent soutenir la comparaison avec les cartes du même genre exposées par les pays étrangers. A l'occasion de l'exposition universelle de 1867, M. Élie de Beaumont fut même chargé de diriger la révision et la coordination de toutes les cartes départementales qui embrassent la région comprise à l'est du méridies de Rouen et au nord de la parallèle de Beaugency. Trois années ont été nécessaires pour exécuter ce travail qui comprend le quart de la surface de l'Empire. Je verrais des inconvénients véritables à ne pas continuer une œuvre aussi utile. Les intérêts les plus sérieux en réclament l'achèvement pour toute la France. Enfin des considérations de bonne justice distributive s'opposeraient également à ce qu'un certain nombre de départements recueillît par préférence aux autres le bénéfice des travaux géologiques exécutés aux frais de l'État.

alloués pour cet objet n'ont pas dépassé en moyenne 100.000 francs par an, en 1866, .1867 et 1868; il suffirait de maintenir cette allocation pendant quelques années. On calcule en effet que la dépense restant à faire ne dépasserait pas un million, en y comprenant à la fois les frais nécessaires pour l'impression et la mise en couleur des feuilles au nombre de 286, tirées à 200 exemplaires chacune. Une période de dix années paraît nécessaire pour mener à bonne fin un travail aussi minutieux et aussi considérable.

Le principe une fois admis, Sire, il reste à poser les règles générales nécessaires pour assurer l'unité d'exécution du travail et à apprécier le montant de la dépense qu'il peut occasionner. La perfection des feuilles de la carte de l'état-major, sous le rapport topographique, a déterminé, en i865, l'adoption de la même échelle pour les feuilles de la carte géologique détaillée destinée à l'Exposition universelle. Cette échelle est de 8 0 '0 0 0 ; elle n'a rien d'exagéré. Dans la Grande-Bretagne l'échelle adoptée est plus considérable encore, elle atteint 6 3/00 0. En Italie et dans quelques États de l'Allemagne elle a même été fixée à ou .„.'U u U . Mais en Belgique, en Suisse et dans plusieurs autres États de l'Europe, l'échelle qui a été choisie pour la carte géologique détaillée atteint ou dépasse ■10u'0 00. Le terme moyeu qui a prévalu en France pour les travaux commencés en i865 semble donc convenable et les raisons qui ont déterminé à préférer une échelle semblable à celle de la carte de l'état-major me paraissent avoir conservé toute leur valeur. J'ai expliqué dans la première partie de ce rapport que le service de la carte géologique détaillée était déjà organisé; il fonctionne dans de bonnes conditions depuis plusieurs années. Je n'ai donc à proposer à Votre Majesté que de le constituer définitivement sous la direction de M. Élie de Beaumont. La dépense relative à l'exécution de la carte géologique détaillée de la France figure déjà au budget depuis trois ans. Les crédits

Il convient de faire observer d'ailleurs que ces allocations auraient plutôt le caractère d'une avance recouvrable que d'une dépense définitive. Les sommes payées par le trésor seraient successivement compensées par les rentrées que procurerait la vente des feuilles détachées de la carte géologique. Le travail complet ne serait, sans doute, utile qu'aux administrations publiques ou aux corporations savantes ; mais les feuilles détachées présentent, pour chaque partie du territoire, un intérêt pratique qui ne manquerait pas de les faire rechercher. Les conseils généraux des départements, les conseils municipaux des communes importantes, les chambres de commerce, les comices agricoles, les sociétés scientifiques locales, enfin les personnes aisées qui consacrent leur intelligence et leurs capitaux aux travaux de l'agriculture et de l'industrie, attacheraient certainement du prix à posséder, sous une forme qui parle aux yeux et saisit l'attention, un résumé aussi utile qu'instructif des richesses géologiques qui les environnent. Il est permis d'espérer que le tirage des feuilles détachées se multiplierait dans une assez forte proportion. On ne saurait méconnaître, en effet, la tendance des esprits vers les études et les travaux qui se rapportent à la géologie. En présence du progrès accompli par cette science depuis un certain nombre d'années, on est frappé de son avenir et de son influence sur la fortune du pays. Des notions fondamentales qui étaient encore ignorées des plus grands esprits du dernier siècle sont aujourd'hui populaires. Des richesses souterraines, restées jusqu'à nos jours inexploitées, sont devenues un des principaux éléments de la prospérité nationale. L'industrie, éclairée par la science et fécondée parles capitaux, découvre, dans les profondeurs de la terre, des trésors enfouis sous les formes les plus' diverses, depuis le combustible qui crée des forces nouvelles, jusqu'aux métaux précieux qui facilitent les échanges et multiplient, sur tous les points du globe, les relations commerciales. Il appartient au gouvernement de l'Empereur de seconder les efforts de