Annales des Mines (1868, série 6, volume 7, partie administrative) [Image 154]

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CIRCULAIRES.

Je n'ai pas besoin d'ajouter que la mesure relative à la carte géologique détaillée de la France ne doit pas faire obstacle aux cartes départementales et surtout aux cartes agronomiques dont les conseils généraux auraient voté l'exécution ; en premier lieu ces cartes, là où elles sont achevées, constituent l'un des éléments les plus utiles de la carte géologique détaillée; en second lieu, elles peuvent être terminées en un petit nombre d'années, au grand avantage du département ; enfin, si elles sont à la fois géologiques et agronomiques, elles fournissent à l'agriculture locale des renseignements dont l'utilité ne saurait être mise en doute ; j'appelle sur ce point, Monsieur le Préfet, votre attention particulière. Veuillez, je vous prie, m'accuser réception de la présente, dont j'adresse-ampliation aux ingénieurs des ponts et chaussées et des mines de votre département. Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération la plus distinguée. Le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, Signé : DE FORCADE.

CIRCULAIRES.

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Il ne me paraît pas nécessaire, Sire, d'insister sur ces considérations, mais on a pu en reconnaître de nouveau l'importance et la vérité en se livrant, pendant l'exposition de 1867,'à l'examen attentif des résultats déjà accomplis dans les pays voisins et notamment des progrès réalisés dans l'exécution des cartes géologiques. On ne se contente plus aujourd'hui de cartes générales à petite échelle, ou de cartes plus détaillées, mais exécutées sans vues d'ensemble. Partout on s'attache à constituer un véritable relevé géologique du sol national, entrepris sous une direction unique et sur une échelle assez large pour répondre aux principaux besoins de l'industrie minérale, de l'agriculture et des constructions. L'Angleterre est arrivée presque au terme de son œuvre et la collection des cartes et documents exposés par son Geological Survey constitue un travail des plus remarquables. L'Autriche a achevé, sur une échelle un peu moindre, l'étude de chacune des grandes divisions territoriales qui composent la monarchie, telles que la Hongrie, la Bohême, l.e Tyrol. Les États de l'Allemagne du Sud auront bientôt publié et livré au commerce toutes les feuilles d'une carte géologique très-détaillée. Dans la Prusse rhénane, les mêmes travaux sont déjà terminés.

Carte géologique détaillée de la France. Paris, le 3o septembre 1868. RAPPORT

A SA MAJESTÉ L'EMPEREUR.

Sire, L'exposition universelle de 1867 a contribué à mettre en lumière l'importance des travaux scientifiques et des applications utiles qui se rattachent à la géologie. Ce n'est pas seulement le monde savant qui poursuit avec ardeur ses recherches sur le mode de formation des masses qui constituent l'enveloppe terrestre et peuvent servir à faire connaître plus complètement l'histoire de notre globe. Le public s'intéresse à ces travaux et comprend les avantages qu'on peut en tirer pour la connaissance et l'exploitation des éléments de richesses les plus considérables et les plus divers. La géologie, comme la physique et la chimie, a son domaine utile et concourt d'une manière vraiment efficace aux progrès de l'agriculture et de l'industrie. Elle est également un guide nécessaire pour l'exécution des travaux publics ; l'ingénieur qui étudie le tracé d'un canal ou d'un chemin de fer ne peut se passer de ses lumières sans s'exposer à des erreurs dispendieuses.

De pareils résultats m'ont paru dignes de fixer l'attention, et j'ai pensé que je devais rendre compte à Votre Majesté de l'état actuel des travaux qui se poursuivent en France pour l'exécution des cartes géologiques. La France a eu l'honneur de préparer et de publier la première carte géologique générale qui ait été exécutée dans des vues d'ensemble et sous la direction élevée de savants et d'ingénieurs désignés par le gouvernement. L'exécution de cette carte générale, que l'on avait en vue à l'organisation même de l'École des mines, en 1794, a été décidée en 1822. La direction du travail a été confiée à M. Brochant de Villiers, alors professeur de géologie à l'École des mines, qui a trouvé dans la collaboration de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont un précieux concours. L'œuvre a été achevée en x84o ; elle a été complétée par un texte explicatif qui a été publié de 18/11 à 18Û8. La carte géologique générale de la France est assurément à la hauteur du mérite éminent des savants qui en ont préparé, assuré et dirigé l'exécution. Mais quelle que soit la valeur du travail considéré en lui-même,