Annales des Mines (1866, série 6, volume 5, partie administrative) [Image 63]

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et sans règle commune pour l'appréciation de la valeur des candidats. Il en résulte que les élèves admis ne sont pas nécessairement les meilleurs parmi les candidats, et que l'intérêt purement local l'emporte ici sur l'intérêt du bon recrutement des écoles, c'est àdire l'intérêt général. D'après le nouveau règlement, l'admission des élèves n'aura plus lieu, à l'avenir, qu'à la suite d'un concours sérieux entre tous les candidats. Un examen préparatoire aura lieu devant un jury départemental, comme aujourd'hui, mais constitué d'une manière différente. Seront seuls admis au concours définitif ceux qui auront subi avec succès les épreuves de l'examen préparatoire, et, enfin, une commission spéciale, désignée par le ministre pour chaque région correspondante à chacune des trois écoles, se transportera sur les lieux et aux époques préalablement annoncées pour faire subir aux candidats l'examen définitif. C'est sur les listes dressées par cette commission que seront nommés, dans l'ordre de leur inscription, les élèves de chaque école. Rien alors ne sera laissé à l'arbitraire. Les candidats seront tous examinés de la même manière, par les mêmes personnes, et ce seront, autant qu'il est possible d'y atteindre, les plus capables qui seront admis. Quant aux bourses données par l'État, et dont le nombre est fixé par l'arrêté présidentiel de 18Z18 à soixante-quinze pensions entières, soixante-quinze trois-quarts de pension et soixante-quinze demi-pensions, il est actuellement affecté à chaque département une pension entière, deux trois-quarts de pension et deux demipensions, lesquelles appartiennent de droit aux candidats dans l'ordre de leur admissibilité. Les bourses ou portions de bourse qui restent libres dans les départements, faute de candidats admissibles, sont à la disposition du Ministre, et elles sont accordées en tenant compte du rang d'admissibilité et de l'âge du candidat, des services rendus au pays par sa famille et de sa position de fortune, Dans ce système, les bourses sont données généralement d'après le rang sur la liste d'examen et non d'après la situation de fortune des parents, et il y a là une véritable anomalie qui n'existe pas, ou au moins n'existe plus, dans aucune des écoles de l'État. A l'avenir, les bourses ne seront plus données nécessairement aux premiers inscrits sur la liste d'amissibilité, mais il en sera donné, dans la limite des ressources disponibles, à tous ceux qui justifieront en avoir besoin. On appliquera, à cet égard, les règles suivies déjà pour les écoles polytechnique et de Saint-Cyr. Ce système est évidemment plus libéral que le premier ; il estaussi plus équitable, et il ne peut manquer d'être accueilli avec faveur.

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Un autre point devait appeler d'une manière toute spéciale l'attention de l'administration, c'est l'enseignement donné dans les écoles d'arts et métiers; c'est par là, en effet, que ces écoles peuvent exercer leur plus sérieuse influence sur l'avenir de l'industrie, et c'est là, dès lors, qu'il fallait porter les améliorations, si elles étaient nécessaires. A cet égard, la partie théorique de l'enseignement ne m'a paru appeler aucun changement qui méritât d'être signalé; mais il n'en est pas de même de l'enseignement pratique, c'est-à-dire le travail des ateliers, qui est de beaucoup le plus important, qui est, en définive, celui que les élèves viennent chercher dans les écoles : il a paru organisé d'une manière incomplète, et il convenait, dès lors, d'y apporter de notables changements. D'après le règlement actuel, les élèves sont répartis entre quatre ateliers : l'ajustage, le modelage, la forge et la fonderie; cette répartition aurait dû s'exercer logiquement suivant l'aptitude et la vocation des jeunes gens ; mais comme la grande majorité des élèves désire aller de préférence à l'atelier d'ajustage, espérant sans doute trouver plus aisément de l'emploi à leur sortie, on s'est décidé à prendre les premiers élèves de la liste, 70 sur 100 ou environ, pour l'atelier d'ajustage, et il n'est plus resté, par là même, pour les trois autres ateliers, que les élèves les plus faibles: de là est résulté que l'industrie ne trouvait pas parmi les élèves sortant des écoles d'arts et métiers de bons modeleurs, de bons forgerons ni de bons fondeurs, et elle s'en plaignait à très-juste titre. Pour remédier à cet état de choses regrettable à tous les points de vue, il a paru que, tout en conservant les spécialités, il ne fallait pas les rendre tellement étroites qu'un ajusteur, par exemple, ne pût jamais exercer une autre profession ; il y a d'ailleurs, entre quelques-uns des métiers enseignés dans les écoles, des rapports assez intimes pour que l'étude de l'un soit utile à l'autre, et enfin ce qu'il importe surtout, autant que possible du moins, de faire dans les écoles de cette nature, c'est de préparer un certain nombre de sujets véritablement instruits et chez lesquels l'esprit, comme la main, se seront largement développés. Dans cet ordre d'idées, et considérant qu'un bon ajusteur doit être forgeron, et que la connaissance du modelage est nécessaire au fondeur, le règlement nouveau stipule que, dans les deux premières années, chaque élève devra passer successivement dans trois ateliers pour être ensuite, pendant la dernière année, attaché à celui de ces ateliers qu'il aura choisi d'après son rang, ou selon