Annales des Mines (1864, série 6, volume 3, partie administrative) [Image 121]

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gente répartition ; influant au plus haut degré sur le commerce par la construction et la bonne installation des ports maritimes, par le perfectionnement des rivières navigables et des canaux, par l'entretien des routes impériales et départementales, et par tout ce qui constitue le régime des voies ferrées, le corps impérial des ponts et chaussées tient dans sa main le faisceau des organes les plus essentiels de la production et de la richesse du pays. A aucune époque, ce corps éminent n'a eu à remplir une tâche plus étendue, plus difficile, ni plus honorable à la fois. A aucune époque non plus, j'aime à le reconnaître, il n'a été mieux payé de ses efforts et de ses services par la considération universelle et par la reconnaissance publique qui lui tient un égal compte de ses talents incontestables et de son désintéressement éprouvé. Je suis certain, Monsieur, que les ingénieurs de tout ordre, soutenus par les traditions de leurs devanciers et par le sentiment de solidarité qui est le propre et la force des corps spéciaux, sauront se maintenir à la hauteur de la grande tâche à laquelle ils sont appelés à concourir. Je vous invite à les entretenir dans ces dispositions. Je considère comme surabondant de leur rappeler que l'esprit de discipline et le respect des situations hiérarchiques sont des conditions vitales pour toute administration organisée, et je suis convaincu que ce sentiment se retrouvera toujours dans les relations, soit des ingénieurs avec leurs chefs, soit de ceux-ci à l'égard des préfets des départements ; mais je tiens à ce que les ingénieurs avec lesquels vous vous trouverez en contact sachent qu'il n'entre pas dans les idées de l'administration supérieure que cette subordination ait pour effet d'arrêter l'initiative personnelle ni d'étouffer le goût des recherches ou l'esprit d'invention. L'art de l'ingénieur, malgré les immenses progrès qu'il a réalisés à notre époque, sous l'effort de tant d'intelligences d'élite, n'a pas dit son dernier mot. Peut-être peut-on faire mieux encore et à moindres frais, en se rapprochant chaque jour davantage du point de vue utilitaire et de la simplicité. Le corps des ponts et chaussées doit conserver, dans cette lutte ouverte entre tous les hommes d'art et de science, la place que lui assignent depuis longtemps les services qu'il a déjà rendus au pays. Les ingénieurs de tout grade ont le droit de descendre dans cette arène pacifique, pourvu que leur service ordinaire, qui constitue leur principal devoir, n'ait pas à en souffrir. Appliqué, d'ailleurs, aux soins plus modestes delà tâche journalière, cet esprit d'initiative peut profiter, soit aux travaux, en introduisant dans les méthodes d'exécution des améliorations utiles, soit à l'expédition des affaires, en mettant l'adminis-

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{ration supérieure sur la trace des simplifications qu'elle s'efforce plus que jamais de réaliser. Vous pouvez assurer MM. les ingénieurs que, tout en me réservant de soumettre à un contrôle sérieux les idées nouvelles qui viendraient ainsi à se produire, je leur saurai gré des efforts qu'ils tenteront dans cette voie, pourvu que leurs propositions ne cessent pas d'être marquées au coin de la pratique, qualité à laquelle je tiens par-dessus tout. Le dévouement à leur art, que je désire entretenir chez les ingénieurs, tournerait, en effet, contre cet art lui-même, s'il leur faisait oublier que la pratique est le but, tandis que la théorie n'est que le moyen ; et je n'hésite pas à dire que le jour où le corps impérial des ponts et chaussées a définitivement conquis le rang élevé qu'il occupe dans l'administration et dans les affaires, a été celui où il a pu prouver que, riche en hommes d'un savoir éminent, en constructeurs habiles et en praticiens expérimentés, il possédait l'intelligence et le souci des intérêts placés dans sa sphère d'action. En ce qui concerne le détail des services sur lesquels doit porter votre inspection, je me bornerai à quelques observations générales que votre propre expérience vous permettra de compléter. Miles impériales et départementales. — La création et le développement progressif des chemins de fer devaient nécessairement exercer sur la fréquentation et, par suite, sur le degré d'utilité des routes impériales, une influence dont l'opinion publique s'est préoccupée dans ces derniers temps. Les constatations de la circulation journalière faites à des époques périodiques ont démontré que cette circulation s'était déplacée sans doute, par suite de la création des voies ferrées, mais que, considérée dans son ensemble, elle n'avait pas subi de réduction. Ce fait, du reste, trouve sa confirmation dans le dépérissement de l'épaisseur-des chaussées d'empierrement et dans les réclamations persévérantes que provoque dans un grand nombre de départements l'insuffisance du fonds d'entretien des routes impériales. Quoi qu'il en soit, il était du devoir de l'administration de déterminer la situation réelle des choses, et c'est dans ce but que j'ai prescrit un nouveau recensement de la circulation sur les routes, au moyen d'un comptage qui doit s'étendre de novembre i865 à novembre 186/1. Je vous prie de vouloir bien vous assurer que cette opération, qui doit fournir des données importantes à plusieurs points de vue, s'effectue avec la régularité nécessaire. H est encore une opinion assez généralement répandue, en ce