Annales des Mines (1856, série 5, volume 5, partie administrative) [Image 147]

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CIRCULAIRES. CIRCULAIRES.

MM. les ingénieurs ordinaires, ainsi qu'aux autres agents de son service. Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération la plus distinguée. Le minisire de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, E. ROUHER.

A M. le préfet d Paris, le 10 décembre 1856. Appareils employés dans es distilleries.

Monsieur le préfet, l'article 67 de l'ordonnance du 22 mai i8a3 (1), sur les machines et chaudières à vapeur, a laissé à i'ac|ministratîori le soin de déterminer les conditions spéciales auxquelles pourraient être assujettis certains appareils où l'on produit ou dans lesquels on fait circuler de la vapeur, et qui, à raison de leur mode particulier de construction ou de l'usage auquel ils seraient destinés, ne rentreraient pas dans les mesures générales prescrites par cette ordonnance. Déjà, en exécution de cette disposition du règlement, des circulaires en date des 3o janvier et 11 février i8A5 (2) ont fixé les conditions à remplir pour l'emploi de divers récipients de cette nature, tels que les cylindres sécheurs, les chaudières à double fond des teinturiers et des fabricants de sirops, les roues à peigner la laine, les calorifères à eau, etc.; mais jusqu'ici il n'avait encore été rien prescrit pour les appareils à distiller et à rectifier, maintenant usités dans un assez grand n'ombre de fabriques. Ces derniers appareils, qui présentent autant d'analogie avec les chaudières ordinaires à vapeur que ceux que je viens de rappeler, sont également susceptibles de causer de graves accidents, et de tristes exemples l'ont malheureusement prouvé. Là, en effet, la vapeur fournie par le liquide en distillation peut acquérir, par suite de l'obstruction fortuite du tuyau d'échappement ou par la simple fermeture de robinets, une très-haute tension, et déterminer ainsi une explosion. Le même accident peut encore se produire si, l'appareil étant chauffé à l'aide de la vapeur d'eau provenant d'un géné(1) Annales des mines, 4' série, t. 111, p. 6G2. fsj Annales des mines, 4série, t. VI, p. 573 et 575.

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ratcur ordinaire, le serpentin à travers lequel cette vapeur circule vient à se déchirer. Enfin , il peut arriver, quand le chauffage s'opère à feu nu, que le niveau de la masse liquide s'abaisse, mette une partie des parois en contact avec la flamme, et, en occasionnant dans l'intérieur du récipient la formation subite d'une grande quantité de vapeur, fasse éclater ce récipient. Il convient d'ajouter que, dans ces divers cas, les suites de l'explosion seraient d'autant plus à craindre, qu'en raison de la nature inflammable du liquide, elle pourrait le plus souvent être accompagnée d'un incendie. L'administration a dû se préoccuper sérieusement des appareils dont il s'agit; elle a invité la commission centrale des machines à vapeur à rechercher les mesures qui devront leur être appliquées. Cette commission a exprimé l'avis qu'il y avait lieu de faire application aux appareils dont il s'agit de l'article 67 précité de l'ordonnance du 22 mai i845, et qu'en conséquence ces appareils ne devaient, conformément aux prescriptions dudit article, être établis qu'en vertu d'une permission du préfet, déterminant dans chaque espèce, sur le rapport des ingénieurs, les conditions de sûreté qui seront reconnues nécessaires. Ces conditions, devant naturellement varier suivant le mode de construction des appareils eux-mêmes et selon les circonstances où ils se trouveront placés, ne sauraient être toutes indiquées par avance; il en est toutefois quelques-unes que l'on peut signaler comme les plus essentielles, et qui devront être imposées dans la plupart des cas. Ainsi : i° pour les appareils à feu nu, il conviendra de prescrire un tube indicateur ou des robinets étagés, semblables à ceux qui sont adaptés aux chaudières à vapeur: ces instruments , indispensables comme mesure de sûreté, sont en outre ici utiles à la conduite de l'opération, et leur application ne peut par conséquent présenter de difficultés. 2° Pour tout appareil à distiller ou à rectifier, quel que soit le mode de chauffage, il devra y avoir sur le corps servant de chaudière un manomètre et une soupape de sûreté ou son équivalent, de telle sorte qu'on puisse connaître à chaque instant quelle est la tension de la vapeur produite, et s'assurer que cette tension ne dépasse point une limite donnée. Déjà un certain nombre des appareils dont nous nous occu-