Annales des Mines (1914, série 11, volume 6) [Image 108]

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tis ; déjà la mort avait secrètement marqué Lodin : uns., affection de cœur insoupçonnée faisait que ses jours étaient comptés, et, le lundi matin, il tombait foudroyé dans une chambre d'hôtel. La carrière d'Arthur Lodin a été bien remplie ; sa vie entière a été consacrée au travail et à l'étude. Il avait d'ailleurs une grande érudition, favorisée par une mémoire excellente, et il n'était pas de question, même artistique ou littéraire, qui lui fût étrangère ; causeur, agréable, il était, en outre, connaisseur en objets d'art, dont il avait rempli le petit hôtel de la rue DesbordesValmore. Sa courtoisie, son aménité et sa bonté ne se démentaient jamais ; la compagne de son existence, Madame Lodin, possédait les mêmes qualités, de sorte qu'il trouvait, dans son intérieur, un bonheur complet. Il avait eu jadis, il est vrai, un chagrin, celui de ne pas avoir d'enfants, mais il avait eu l'heureuse pensée d'adopter unejeune fille, à laquelle sa femme et lui s'attachèrent profondément. L'affection de cette jeune personne les récompensa largement de leur bonne action. Arthur Lodin naquit à Rennes en mai 1849 ; son père était fonctionnaire et devint préfet de l'Empire. C'est au lycée de Clermont-Ferrand que notre camarade fit ses études; il était un des plus brillants élèves de cet établissement et obtenait un prix d'honneur à un concours général. Par une singulière coïncidence, cette ville de Clermont-Ferrand, qui fut le théâtre de ses premiers succès, devait être plus tard le témoin de la fin de sa longue carrière. Admis à l'École polytechnique, Arthur Lodin en sortait en 1871 avec le numéro 2 et le grade d'élève-ingénieur des Mines. C'est à Caen qu'il faisait, en 1875, ses débuts comme

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Ingénieur ordinaire ; il y restait quatre ans et il s'y faisait remarquer aussitôt par d'intéressants travaux de chimie et de géologie. En 1879, il était nommé à la, résidence du Mans et y continuait ses études de chimie au beau ' laboratoire dont disposait le service des Mines. En 1884, sâ carrière s'orientait dans la voie du professorat qu'il ne devait plus abandonner. Il était nommé à la chaire de Métallurgie de l'École des Mines de Paris, comme suppléant de Lan ; il devenait, en 1885, par suite du décès de ce dernier, titulaire de la chaire qu'il devait conserver jusqu'à ce jour. Arthur Lodin est donc, en fait, depuis trente ans, professeur à l'École des Mines, et aucun de ses collègues du professorat ne peut invoquer d'aussi longs états de service. Bien que le cours de Métallurgie constituât à lui seul une lourde tâche, Arthur Lodin avait encore été, à diverses reprises, chargé de services administratifs. Ainsi.il avait eu, en 1887, un service de contrôle au Chemin de fer du Nord, qu'il conserva jusqu'en 1890, date de sa nomination au grade d'Ingénieur en chef. En 1898, il était de nouveau chargé du contrôle de l'exploitation du chemin de fer de l'Ouest, qu'il quittait en 1900. Enfin, en 1907, alors qu'il était promu Inspecteur général des Mines, il était placé à- la tête de l'Inspection du Sud-Est qu'il quittait ensuite pour celle du Centre. Ces deux inspections sont importantes, de telle sorte que, pendant sept années, -Arthur Lodin dut faire face à une double et lourde tâche, que venaient accroître encore ' ses fonctions démembre du Comité consultatif des Arts et Manufactures. Il y suffisait cependant fort bien, grâce à son activité et à une grande facilité de travail, et ne se plaignait nullement d'être surmené. Il avait heureusement trouvé le temps de faire con-