Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 104]

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NOTE AU SUJET D'UNE ENQUÊTE SUR LE NYSTAGMUS

en interrogeant directement un certain nombre d'ouvriers mineurs. Les renseignements qu'ils ont pu recueillir n'ont pas été partout de valeur égale et comparable, et l'enquête a fait ressortir ce fait que, dans certains bassins, le nystagmus, bien qu'existant, semblait à peine connu, les ouvriers qui en étaient atteints, du moins ceux qui l'étaient d'une façon bénigne, n'y ayant pas autrement pris garde et ne se considérant pas comme malades ; certains médecins connaissaient à peine cette affection et n'avaient jamais eu à la traiter. Dans d'autres bassins, au contraire, des spécialistes s'en étaient occupés, avaient attiré sur elle l'attention des médecins des compagnies minières, de telle sorte que les ingénieurs ont pu obtenir des uns et des autres des renseignements très détaillés, très complets, et sus-, ceptibles d'être tenus pour exacts et définitifs. Il en a été ainsi, en particulier, dans le bassin du Nord et du Pas-de-Calais, où M. le Docteur Dransart, de Somain, a accumulé depuis plus de trente-cinq ans, sur le nystagmus, des observations portant sur plus de 3.000 ouvriers mineurs, dont il a consigné les résultats dans de nombreuses et très intéressantes publications. On peut dire, au surplus, que l'ensemble des renseignements recueillis dans les autres bassins, malgré leur insuffisance pour certains d'entre eux, peut être considéré comme venant à l'appui des constatations méthodiques faites à l'Institut ophtalmique de Somain. Manifestations du nystagmus. — Les ingénieurs n'avaient pas, naturellement, à définir la maladie; mais les renseignements recueillis par eux ont confirmé l'extrême variabilité que peut offrir l'intensité de cette affection, ainsi que l'avait déjà fait ressortir M. le Docteur Dransart. A côté de la forme grave, caractérisée par des oscillations intenses et fréquentes du globe oculaire qui se déclan-

DANS LES MINES FRANÇAISES

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client très aisément quand le regard est dirigé au-dessus de l'horizontale, accompagnée de troubles nerveux multiples et de maux de tête, et exigeant un traitement, il existe des formes beaucoup plus bénignes, se traduisant par des troubles subjectifs très légers, faisant éprouver au mineur qui en est atteint une certaine gêne de la vision, quand il arrive au jour ou à la vue d'une lumière dans l'obscurité, et ne nécessitant pas l'interruption de son travail au fond; parfois même, le nystagmus est si peu prononcé que le sujet ne s'en aperçoit pas. Aussi n'est-il pas surprenant, en l'absence de règles bien établies pour le diagnostic de la maladie, que les observations des différents médecins interrogés au cours de l'enquête n'aient pas toujours été concordantes et comparables entre elles. En tout cas, il semble acquis que le nystagmus des mineurs constitue une affection locale propre, et n'est pas une manifestation' secondaire d'une maladie générale de l'organisme ; cependant les maladies générales peuvent exercer une influence sur le développement du nystagmus, en faisant passer d'une forme légère à une forme grave; de même, les traumatismes de l'œil, sur les sujets nystagmiques, peuvent prendre une gravité spéciale, ou bien entraîner une aggravation du nystagmus. Fréquence du nystagmus. — D'une façon générale, et dans toutes les mines, les cas bénins de nystagmus sont toujours infiniment plus nombreux que les Cas graves. M. le docteur Dransart estime qu'actuellement il y a, dans le Nord de la France, de 10 à 20 p. 100, — en moyenne, environ 12p. 100, — d'ouvriers du fond atteints de nystagmus sous forme légère, inconsciente ou même latente, décelable seulement par examendes ouvriers après la remonte. Le nystagmus grave, obligeant l'ouvrier à quitter son travail et à s'adresser au médecin, est beau-