Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 263]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

522

REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR

  • Orifices de chargement non autoclaves. — Il est regrettable que, pour la fermeture des orifices de chargement analogues par leurs dimensions aux trous d'homme

des générateurs de vapeur, la disposition non autoclave se rencontre encore sur beaucoup de récipients. Personne ne songerait à excuser pareille disposition pour un trou d'homme de chaudière. Le motif de son emploi sur certains récipients se comprend bien : c'est parce qu'elle facilite l'enlèvement et la remise en place de l'obturateur entre les opérations successives. Mais la fréquence même de ces manœuvres aggrave le danger, en soumettant les pièces à des répétitions d'efforts et en multipliant les chances de mise en place défectueuse ou de serrage immodéré des joints. Il va de soi que, avec la disposition non autoclave, toute rupture survenant dans l'une des pièces qui tiennent le tampon appliqué sur son siège risque de causer un accident grave. Nous avons à mentionner deux cas où des obturateurs de ce genre ont été projetés; l'un et l'autre ont entraîné mort d'homme. Le premier s'est produit le 24 novembre 1905, à Châlons-sur-Marne, dans une vacherie-fromagerie. L'appareil était employé à la cuisson des aliments pour les bestiaux. C'était un récipient cylindrique de l m ,10 de diamètre et l m ,50 de hauteur, offrant une capacité d'environ l m3 1 /2. Construit en tôle de fer, il était fermé, à sa partie supérieure, par un fond boulonné, dans lequel était percé excentriquement un orifice de chargement elliptique, de 41 centimètres sur 31 centimètres. On aurait pu croire, a priori, que cette forme elliptique avait été choisie pour munir l'ouverture d'un tampon autoclave. En réalité, le tampon qui fermait l'orifice pendant la cuisson était au contraire un tampon extérieur, tenu en place par une vis de pression centrale dont l'écrou était porté par un étrier. Celui-ci était relié au couvercle par deux boulons de 33 millimètres de diamètre. Après chargement

REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR

523

-des matières à cuire, on fermait l'orifice en le recouvrant d'un sac et en serrant le tampon par-dessus, de manière que le sac faisait joint. Le récipient, monté sur tourillon, était mis ensuite en communication avec un générateur timbré à 5 kilogrammes; la vapeur pénétrait par un des tourillons et se répandait à l'intérieur par un tuyau perforé. Sur le couvercle se trouvait un tuyau d'évacuation, dit de purge d'air ; il est supposable, d'après les résultats de l'enquête, qu'on le fermait au cours de la cuisson ; d'ailleurs il était sujet à s'obstruer. Los boulons d'attache de l'étrier retenant la vis pressetampon donnèrent lieu à des incidents successifs. L'un de ces boulons étant sans doute cassé ou détérioré, on commanda à un serrurrier de Châlons un boulon neuf, mais sans lui dire pour quel usage. C'était deux ou trois jours avant l'accident. Le boulon ainsi fourni fut mis en place par les ouvriers de la fromagerie ; mais le propriétaire de cet établissement manda le serrurier pour lui faire constater que l'objet ne convenait pas. Le serrurier, en essayant de mettre en place le tampon, rompit le boulon en litige au premier effort de serrage. Il en fabriqua un autre. Ici prennent place des détails qui montrent bien à quelles exagérations d'efforts on soumettait les pièces de cet assemblage. Lorsque le serrurier, ayant fabriqué un nouveau boulon, entreprit de remplacer l'étrier, il reconnut que celui-ci avait été faussé : l'écartement des branches n'était plus que de 53 millimètres au lieu de 55 millimètres. Il l'ouvrit à chaud, après l'avoir fait rougir dans le foyer du générateur de vapeur. Il dut aussi, pour remédier à une crique, rapporter sur l'étrier une pièce tenue par deux chevilles de fer. Le lendemain de ces opérations, l'appareil fut remis en service vers dix heures du matin. A midi trois quarts, on vint dire au chauffeur de la chaudière que la vapeur