Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 261]

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forme légèrement tronconique, et chacun d'eux est fermé par un couvercle assujetti au moyen de boulons à charnière ; à cet effet, le haut du vase est cerclé d'une collerette sur laquelle vient s'appliquer une couronne circulaire qui arme la périphérie du couvercle. La partie centrale de celui-ci est faite d'une tôle de cuivre légèrement bombée ; la couronne périphérique est en fonte de fer, métal qu'on a signalé déjà depuis bien longtemps comme impropre à constituer une pièce de ce genre, qui, sous la pression des boulons d'attache, travaille à la flexion. La disposition est d'autant plus critiquable que la section de la couronne est faible et sa forme particulièrement impropre à résister aux efforts fléchissants. D'autre part, ces récipients évaporatoires ne sont pas suffisamment protégés contre la possibilité d'un excès de pression, qui tend à se produire notamment dans le cas où les matières traitées viennent obstruer les conduits de sortie de vapeur ou empêcher le libre accès de la vapeur aux soupapes de sûreté. Enfin ceux qui emploient ces appareils ne se gardent pas toujours des imprudences, comme de celles consistant à serrer exagérément les ressorts des soupapes de sûreté ou à resserrer les joints des couvercles sur les appareils en pression. C'est avec ces caractères qu'est apparu dès l'abord l'accident survenu le 14 décembre 1893 à Grésy-sur-Isère (Savoie) et dont le Bulletin des accidents des appareils à vapeur mentionnait la cause en ces termes : « L'explosion a eu pour cause primordiale la construction vicieuse de l'appareil. La couronne périphérique du couvercle, en raison combinée de son mode d'attache, du nombre insuffisant de ses boulons, de sa section et de sa matière, se trouvait placée dans des conditions de résistance particulièrement défectueuses. » La même appréciation a été renouvelée à l'occasion de l'accident de nature identique qui a causé mort d'homme, le 21 décembre 1898, à Fessy

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(Haute-Savoie). A ce jugement sur la construction, il y a lieu d'ajouter l'insuffisance des mesures prises pour empêcher les élévations anormales de la pression dans les récipients. ! Ce sont les mêmes caractères (*) que nous retrouvons dans les accidents du 1 er décembre 1903 à Veyrier-du-Lac (Haute-Savoie), du 16 octobre 1905 au Bourget (Savoie), du 16 novembre de la même année à Lornay (HauteSavoie), du 1 er décembre 1907 à Générac (Gard), du 26 octobre 1909 à Vauglans (Savoie). Parmi ces accidents, ceux de 1905 ont, l'un et l'autre, causé mort d'homme; celui de 1907 a blessé grièvement un ouvrier. Il serait fastidieux de les raconter par le menu; mais nous présenterons quelques remarques sur les circonstances essentielles qui ont concouru à leur production. Il est tout d'abord à relever que, tandis que ces récipients évaporatoires sont timbrés à 1 kilogramme, la vapeur leur est fournie par des chaudières dtfnt le timbre est de 3, 4, 5 kilogrammes et dont les soupapes de sûreté sont réglées pour la pression de leur timbre. Dans ces conditions et eu égard au mode d'agencement et d'emploi des distilleries locomobiles, ce n'est pas chose facile que de garantir les récipients contre les risques d'excès de pression. On ne saurait, pour les raisons sur lesquelles nous avons déjà insisté à propos d'autres appareils, préconiser l'interposition de détendeurs: ce serait illusoire et peut-être plus dangereux qu'utile. Quant aux soupapes de sûreté, celles dont étaient munis les récipients qui nous occupent ne remplissaient aucune des conditions nécessaires pour assurer la sécurité. C'étaient de petites soupapes, auxquelles déjà l'encombrement des (*) L 'accident de distillerie locomobile du 9 décembre 1901, qui a été décrit par M. Maurice Bellom dans sa note précisée, a eu un caractère quelque peu différent : il a été le résultat de .l'ouverture prématurée d'un couvercle.