Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 229]

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deux fers à U et de deux tirants extérieurs; ces cadres métalliques étaient d'ailleurs médiocrement résistants. Le constructeur des appareils n'avait pas été averti que ceux-ci dussent fonctionner sous pression de vapeur. Leur installation était récente; ils venaient d'être établis en remplacement d'une batterie de cuves de construction analogue datant de 1900 et réformées pour cause d'usure. Leur chargement se composait soit d'eau et de bois, soit de jus plus ou moins concentré, que l'on chauffait en y faisant arriver de la vapeur provenant de chaudières réglées à 6 kilogrammes. Chaque cuve portait un manomètre gradué en hectogrammes et une seule soupape de sûreté chargée par levier et contrepoids. Dans les anciennes cuves, on limitait la pression effective de la vapeur à 1/2 kilogramme. Avec les nouvelles, l'usinier eut tout d'abord la témérité de vouloir faire le travail sous une pression effective de vapeur de 2 l!!î ,5; à cet effet des contrepoids de 16 kilogrammes furent préparés pour les soupapes de sûreté. Toutefois, au cours d'essais effectués en septembre (l'accident est arrivé le 5 octobre), on fut amené à réduire la pression de marche et on remplaça les contrepoids de 16 kilogrammes par d'autres de 4 kilogrammes, tout en laissant les anciens déposés à proximité. Or il arriva que, sur plusieurs do ces cuves, le levier de la soupape reposait sur un tuyau horizontal, de sorte que la soupape fuyait sous très faible pression. Ce que voyant, on commença par caler ces soupapes avec des coins de bois ; mais les cales cassaient fréquemment. C'est ce qui se produisit notamment dans la nuit du 4 au 5 octobre, sur la cuve n° 6. Alors l'un des ouvriers eut recours à un autre artifice : il remit sur le levier de soupape de cette cuve un contrepoids de 16 kilogrammes il la place de celui de 4 kilogrammes et, comme ce contrepoids était assez lourd pour faire fléchir le tuyau, la soupape se Irouva,

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comme le souhaitait l'ouvrier, réduite au silence. A cinq heures et demie du matin, l'explosion se produisait, le fond inférieur se disloquant et se brisant, avefc déformation et rupture partielle des deux cadres métalliques qui le reliaient au fond supérieur. L'ensemble de la cuve fut lancé par la réaction au travers de la toiture du bâtiment. Le jus bouillant se répandit sur deux ouvriers, tandis qu'un troisième était renversé de son poste de travail situé à 6 mètres au-dessus du sol ; tous trois succombèrent au bout de peu de jours. L'autre accident du même genre a brûlé deux hommes, dont un mortellement. Il s'est produit le 27 juillet 1909, dans une distillerie à Carcès (Var). L'appareil était une cuve en bois, fermée à sa partie supérieure par un couvercle métallique ; il servait à la distillation du vin, chauffé par une injection de vapeur. Le fond inférieur, de 90 centimètres de diamètre, était formé de planches de chêne de 5 centimètres d'épaisseur solidarisées au moyen de chevilles de fer ; il n'était retenu en place que par la pénétration de son pourtour dans une rainure ménagée dans les douves. Cette construction n'était aucunement en rapport avec les pressions auxquelles l'appareil était exposé. Le fond en bois a flambé et s'est dégagé de la rainure. Ruptures diverses de fonds. — Récipient employé au traitement du bois de campêche. — Dans le cas d'une explosion par fragmentation de fond en fonte, qui s'est produite à Lyon, le 20 juillet 1905, dans une fabrique de produits chimiques, et qui a causé la mort d'un ouvrier, plusieurs causes paraissent avoir concouru à la rupture de la pièce, mais la physionomie de l'affaire n'en est pas moins instructive. Il s'agit d'un récipient vertical, de 0 m ,60 de diamètre et 2 m ,'-0 de hauteur, dont la partie cylindrique était en cuivre de 3 millimètres d'épaisseur et