Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 162]

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LE GISEMENT ASPHALTIQUE DC VAL DE TRAVERS

quantité importante, il paraît au contraire probable que la prospection n'a pas dit son dernier mot au Sud-Ouest. Quant à la consistance du gisement suivant le pendage, elle n'est connue quelque peu que dans l'intérieur de la concession par les travaux effectués ; car, en dehors de ces travaux, aucune campagne systématique de sondages n'a été entreprise jusqu'ici. On a constaté que le plongement vers le Sud-Est, qui est de 20 à 25° au début, s'arrête pour faire place à un plongement inverse assez rapide et constituer un premier synclinal, dit bassin central. A ce synclinal fait suite une grande plateure, suivie d'une nouvelle plongée très rapide ; puis on trouve une nouvelle plateure. En somme, dans l'intérieur de la concession, le gisement se présente avec une ondulation assez large et une plongée d'ensemble vers le Sud-Est. Cette ondulation s'atténue du côté de la limite Est de concession, où la plongée Sud-Est est régulière (voiries coupes, Pl. VII).. On ne sait encore rien sur la manière dont se comporte le gisement à l'approche de la grande faille. Les travaux ne se sont guère avancés que jusqu'à 5 à 600 mètres des affleurements et ils sont encore à 700 mètres environ de la position supposée de l'accident. Quoi qu'il en soit, ce simple exposé permet de voir qu'on se trouve, dans la seule concession actuellement octroyée, en présence de disponibilités extrêmement importantes. Un cubage approximatif, effectué en 1905 et qui est vraisemblablement resté au-dessous de la réalité, a évalué à plus de quatre millions de tonnes la quantité d'asphalte encore disponible, sans tenir compte des piliers laissés dans les régions déjà parcourues et qui peuvent être repris avec remblayage, sinon en totalité, du moins en grande partie ; de plus, il ne semble pas téméraire de supposer qu'en dehors de ces disponibilités le Val deTravers renferme encore, surtout dans le Sud-Ouest,

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d'autres gisements asphaltiques intéressants et dont l'existence, soupçonnée maintenant par certains indices, •sera un jour ou l'autre mise en évidence par de sérieuses recherches.

II. — HISTORIQUE. - CONDITIONS ACTUELLES DE LA CONCESSION.

L'asphalte semble avoir été exploité dans l'État de Neuchâtel dès la plus haute antiquité. On trouve à SaintAubin des débris de très anciennes carrières à ciel ouvert dont on fait remonter l'existence aux Romains et même aux lacustres. Il est fait mention, pour la première fois, de l'asphalte en 1626 : à cette époque, un aventurier allemand, nommé Jost, aurait découvert cette substance à Buttes dans un jardin et l'aurait exploitée, en compagnie d'un sieur Guillaume, originaire de Verrières. Un Grec, nommé Eyrinys, découvrit ensuite, au début du xvni 6 siècle, le gisement du Bois-de-Croix. Il s'associa avec plusieurs entrepreneurs et obtint du prince (le roi de Prusse) la permission d'y travailler, en qualité de premier fondateur, moyennant une redevance minime. Eyrinys fabriqua du ciment et de l'huile d'asphalte par distillation delà roche. L'huile était employée en pharmacie comme désinfectant (*), et Eyrinys, dans une curieuse brochureréclame de 1728, la recommande « pour détruire les punaises et leurs graines, désinfecter les hôpitaux et appartements, panser les plaies, purifier la masse du sang, guérir la gale aux hommes, guérir les moutons des maladies épizootiques », etc.. . Quant au ciment, il acquit une certaine réputation en maçonnerie : il servit à plusieurs réparations des bassins de Versailles, des marbres et des (*) Une industrie semblable s'exerce encore de nos jours à la mine de Saint-Champ, près de Belley (Ain), qui exploite un gisement de calcaire kimméridien bitumineux.