Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 161]

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LE GISEMENT ASPHALTIQDE DU VAL DE TRAVERS

retrouve imprégné sur l'autre versant, à Bois-de-Croix, où. il a été exploité autrefois ; mais, vers le Nord, l'érosion a emporté ce lambeau, comme le creusement du Val de Travers a supprimé son raccordement avec le gisement de l'autre versant. En direction, il n'est connu que sur une faible longueur et la recherche de son prolongement n'a jamais été sérieusement entreprise. Sur le versant Sud-Est du Val, le banc urgonien est au contraire bien connu : sa puissance est d'environ 10 mètres, mais l'imprégnation n'est pas distribuée uniformément dans toute son épaisseur ni sur toute son étendue. La partie supérieure du banc calcaire est, en général, la plus complètement imbibée : elle forme le « bon banc ». Elle est surmontée d'un calcaire marneux assez grossier et difficilement imprégnable, appartenant à l'Aptien (couche à Pteroceras Pelagi et à Orbitolina lenticularis). Ce calcaire constitue ce qu'on appelle la « crappe », et il sert de toit dans l'exploitation : il est séparé du «.bon banc » par un délit de stratification bien marqué et l'intercalation d'une mince couche argileuse. Au voisinage du mur, l'imprégnation du banc est variable, tantôt presque nulle, tantôt intéressante ; toutefois, le calcaire dur de l'Urgonien inférieur, formant le mur proprement dit, n'est jamais imprégné. Quelle est l'étendue de l'imprégnation, en direction et en profondeur? On n'a de données certaines que dans. l'intérieur de la concession. Celle-ci est bornée au Nord par l'Areuse, à l'Est et à l'Ouest par deux méridiens marqués sur le terrain et distants de 1.600 mètres ; enfin, au Sud, elle s'étend aussi loin que le gisement lui-même: la superficie n'est donc pas connue, faute de s'être avancé jusqu'aux limites de la formation'. Son centre est marqué par une petite agglomération appelée la Presta ; le centre de la région imprégnée paraît être situé un peu au Sud-Est de ce point. Dans la direction du Nord-Est,

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l'imprégnation dépasse la limite de concession d'une longueur inconnue, mais déjà, au Crêt-à-Blanc, l'Urgonien apparaît sous la forme d'une pierre parfaitement blanche, sans trace de bitume. Plus loin encore dans la même direction, la carrière Molini, exploitée jadis pour pierre à bâtir et actuellement pour la fabrication de l'asphalte artificiel, présente le même calcaire à Requienia du « bon banc » sans la moindre trace d'imprégnation : seul le banc d'Aptien à Pteroceras Pelagi y présente quelques traces infimes de bitume. Il semble donc peu probable que la zone asphaltifère soit très étendue vers le Nord-Est ; cependant, au-dessus du Vanel, sur le chemin des Œuillons, on signale encore un affleurement de calcaire urgonien poreux, avec imprégnation d'asphalte, mais il n'y a pas été fait de recherches jusqu'ici. Vers le Sud-Ouest, les données sont moins nettes, parce que les affleurements urgoniens sont rares. Au voisinage de la limite de concession, l'imprégnation serait assez faible et quelques travaux entrepris dans cette région et dénommés « la Nouvelle Mine » ont été abandonnés pour ce motif. Au delà, dans la direction de Couvet, l'Urgonien disparaît au-dessous du fond du Val, sans qu'on ait de données sur sa nature, sans qu'on sache s'il est imprégné ou même imprégnable. Cependant, une tranchée du chemin de fer régional a entamé l'Urgonien asphaltifère. Enfin, s'il faut en croire la tradition, ce serait à Buttes, à 8 kilomètres au Sud-Ouest de Couvet, que la première découverte de l'asphalte aurait été faite. Après Buttes, vers le SudOuest, le synclinal du Val de Travers s'élève vers le plateau de la Côte-aux-Fées et la couche urgonienne est enlevée par l'érosion. En résumé, la présence de l'Urgonien, imprégnable ou non, est connue sur une longueur d'environ 15 kilomètres, et s'il semble qu'au Nord-Est de la concession actuelle il y ait peu d'espoir de trouver l'asphalte en