Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 66]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

tour en d'autres séries d'essais, que la teneur en matières volatiles des charbons avait une grande importance au point de vue de l'inflammabilité de leurs poussières ; nos essais au tube ont donné une nouvelle vérification de cette importante propriété. Les diverses poussières de houille que nous avons es-: sayées se sont approximativement classées, à égale finesse , et égale pureté, dans l'ordre de leur teneur en matières, volatiles. A l'extrémité inférieure de l'échelle, les essais ont même montré que le coke pulvérisé, qui est parfaitement combustible, mais ne dégage, par réchauffement, aucun gaz combustible, se comportait exactement comme une. matière incombustible, la combustion des particules solides étant, dans ces conditions, trop peu active pour se manifester par des effets apparents. Le charbon de bois pulvérisé a donné, au contraire, des inflammations-; les expérimentateurs d'Altofts, qui avaient constaté de leur côté que cette substance donnait des . nuages susceptibles de propager des explosions de poussières, en avaient conclu que la teneur en matières volatiles ne devait pas jouer un rôle important dans la pro-; pagation. On aurait pu objecter que la texture physique des particules de charbon de bois différait profondément de celle des poussières de houille et qu'il pouvait en résulter de grandes différences dans la vitesse de combustion et par suite dans l'aptitude à la propagation de l'inflam-. mation. Une objection non moins sérieuse est que le charbon de bois dont la distillation pendant la fabrication est rarement complète, dégage habituellement encore, lorsqu'on le chauffe, des matières volatiles combustibles, en sorte que le fait qu'il donne des nuages inflammables et que le coke n'en donne pas, est un argument de plus en faveur de l'hypothèse que les matières volatiles sont indispensables à la propagation. Il se trouve que, dans nos es- '

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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sais au tube, un charbon de bois, qui donnait 11,7 0/0 de matières volatiles, s'est classé dans le groupe B, comme l'eût fait une houille à même teneur ; mais ce doit être une simple coïncidence, vu les différences profondes dans la texture physique des particules, ainsi que dans la composition des produits volatils. Dans le même ordre d'idées, il n'est pas douteux que si deux poussières de houille présentent des textures physiques très différentes, il pourra en résulter des différences dans la vitesse de combustion, qui combineront leur influence avec celle de la teneur en matières volatiles, exagérant ou masquant partiellement cette dernière influence ; mais nous ajouterons que nous n'avons pas encore eu l'occasion de constater des faits de ce genre avec les houilles que nous avons essayées. Les 'essais au tube ont apporté un fait nouveau dans cette, discussion sur le rôle des matières volatiles ; on hésitait à admettre que ces matières aient le temps de distiller en quantité appréciable pendant la phase d'échauffement ; or, les essais nous ont montré que quelque rapide que soit le passage des particules, projetées par une forte chasse d'air dans un tube chaud de 10 centimètres de longueur seulement, et même quand réchauffement est insuffisant pour provoquer l'inflammation, on a cependant une perte très sensible en matières volatiles, au point que les gaz combustibles dégagés sont déjà susceptibles de réaliser des mélanges inflammables dans la zone la plus échauffée. Cette constatation parait de nature à trancher définitivement le débat, en prouvant que les matières volatiles interviennent non seulement par leur participation à une combustion déjà commencée, mais encore par leur présence libre dès le début de l'inflammation. L'influence des poussières incombustibles mêlées aux poussières charbonneuses s'est manifestée avec cette méthode d'essai comme dans les autres séries, et l'on a ainsi