Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 187]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

poussières plus ânes au début pour amorcer sûrement l'explosion, puis des poussières plus grossières pour ralentir son allure, diminuer l'importance des chasses d'air et exagérer ainsi le risque que la flamme passe. On a accru encore la difficulté pour quelques essais en disposant une troisième zone de poussières particulièrement fines et abondantes dans la région de l'arrêt- barrage et au delà, afin de donner, si possible, à la flamme plus de chances de continuer à se propager. Sur ces vingt-huit essais, on n'a eu que deux cas où la flamme soit apparue à l'orifice, sur 5 à 6 mètres seulement de longueur, sans épanouissement, et avec une teinte rougeâtre indiquant le terme d'une période d'extinction. Tous ces essais sont groupés dans un tableau d'ensemble où ont été figurés les tracés de parcours de flamme. Ce tableau montre au premier coup d'œil l'ample gradation des coups dépoussières qui furent essayés. lisse divisent en deux groupes, les coups francs, violents ou lents, pourlesquels la cote 150 fut atteinte en moins de 2,75 secondes, et les coups à balancements pour lesquels ce parcours fut accompli en un temps notablement plus long. On remarquera qu'il y a là une sorte de discontinuité, quoique l'on ait eu tous les degrés dans les conditions expérimentales. Et, en effet, un coup lent devient un coup à balancements si la flamme est atteinte par les ondes de détente causées par le refroidissement en arrière ; le stationnement qui résulte du premier balancement amène tout de suite un important retard par rapport à la durée de parcours sans balancement. Pour toutes les explosions franches sans balancements, les chasses d'air ont complètement nettoyé les platesformes des scories accumulées. Certaines explosions ont même été très violentes ; la pression à la cote 150 a atteint 3 kS ,600 ou 5 k *,200; elle s'est élevée à 4 ou 5 kilogrammes, pour trois essais, vers la cote 165. Au delà de

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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cette cote, elle décroît rapidement jusqu'à devenir presque nulle à l'orifice ; l'on entend un souffle très fort, mais sans l'ébranlement caractéristique des explosions arrivant en pression vers l'atmosphère libre. Quand l'explosion est assez violente pour que la durée de parcours des 150 premiers mètres soit inférieure à 1,60 ou 1,80 seconde, les plates-formes, quoique solidement clouées, sont partiellement ou totalement démolies. On les retrouve brisées, soit dans la galerie en deçà et au delà de leur position primitive, soit projetées au delà de l'orifice, jusqu'à 130 mètres de distance. La flamme est toujours coupée. Pour les explosions franches, mais plus lentes, où la durée de parcours des 150 premiers mètres varie d'environ 1,75 à 2,75 secondes, nous avons dit que le soulèvement était encore complet; les scories accumulées sont retrouvées en partie sur le sol de la galerie, entre les planches restées en place et l'orifice, et aussi en deçà de l'arrêt-barrage, par un mouvement de retour qui peut, comme nous le verrons, déjà commencer au cours de l'explosion, mais se prolonge par l'effet des rentrées d'air qui succèdent à l'explosion proprement dite. Ces rentrées peuvent ramener les scories jusque vers la cote 100. Mais la proportion de ces matériaux que l'on retrouve dans la galerie, aussi tien dans ces essais relativement lents que dans les essais violents dont nous parlions tout à l'heure, n'est qu'une faible part de la quantité accumulée ; la plus grande partie de ces matériaux est projetée au delà de l'orifice, où ils forment sur le terrain un long sillon de schistification s étendant jusqu'à 80 mètres, voire même 90 mètres au delà de la galerie. La flamme n'en est pas moins coupée avant d'avoir atteint l'orifice, parce que dans ces coups, °ù la propagation n'est pas trop lente, elle a rejoint le nuage extra-dense de scories projetées avant que celui-ci ait dépassé l'orifice de la galerie. Aussi, dans cette série de coups francs, n'y eut-il qu'une seule apparition de flamme Tome I, 1912.

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